[…) j’ai comme un mouton
Qui laisse sa laine au buisson
Senti se dénuer mon âme […]
A.de Musset –Poésies nouvelles « Nuit de décembre »
L’école buissonnière
On peut être le premier de la classe, avoir le prix d’excellence, se tenir bien droit devant son pupitre, bien sur son séant calé par trois ouvrages : le dictionnaire des subtilités du Français, la grammaire de Bescherelle et La princesse de Clèves de Madame de La Fayette, afin de paraître plus grand que de nature, on peut être tout cela et même encore un peu plus et puis un beau mois de mai se laisser entraîner par quelque mauvaise fréquentation susurrant à l’oreille : « Et si on faisait un peu l’école buissonnière ? »
…L’école buissonnière pour aller gambader au pays où les pâquerettes sont plus blanches, les coquelicots plus éclatants et là où l’eau à des reflets bleu marine. Dans ce pays là, si tranquille, l’ordre et la sécurité règnent et buissonner1 est un art réservé à une élite stéréotypée par ses idées et ses comportements.
Dans ce pays mythique de l’entre soi, il n’y a plus de limites entre l’argent et l’entregent, entre les affaires et l’affairisme, circonscrit qu’il est pour le peuple et la plèbe ! Ah, le beau pays que voilà et qui nous attend, vous attend… Ainsi parlait son mauvais démon2 à l’oreille du premier de la classe qui excellait en toutes choses. Mais l’art de l’école buissonnière est plutôt réservé aux cancres, aux poètes, aux illuminés rêveurs qui en connaissent les infinis mais savent aussi qu’au-delà d’une certaine limite le ticket n’est plus valable !
Colette Lièvre.
1 Buissonner : aller dans les buissons à la recherche du gibier.
2 Patrick Buisson : polito-idéologue conseiller de Nicolas sarkozy. Spécialiste des études d’opinion, ex militant d’extrême droite, il a été journaliste à Minute, au Crapouillot avant de diriger Valeurs Actuelles – c’est à lui que l’on doit la création du ministère de l’Identité nationale (et de l’immigration) !