Pratiquement tous les jours, Félicité, lorsqu’elle ouvre sa boite à lettres, se trouve confrontée à toute la misère du monde.
Ainsi en trois semaines a-t-elle reçu, dans l’ordre, de l’: Unicef (7 courriers)-Action contre la faim (2 courriers)- Chiens Guides aveugles (1)- Médecins du monde (1) – Secours populaire (3 courriers)- Secours catholique (1)– France Handicap (1)– Institut du cerveau et de la moelle épinière (3 courriers) – Restaurants du Cœur (1)– SPA : Sté protectrice des animaux (1)– Amnesty International-(1) Fondation 30 millions d’amis(1)- Handicap International (1)…soit des envois tous plus émouvants les uns que les autres avec des descriptions d’enfants, d’hommes et de femmes, d’animaux dans une grande détresse : malnutris, handicapés, emprisonnés, torturés, abandonnés, réfugiés, et ce pratiquement sur tous les continents !
Naturellement toutes ces ONG font appel à sa compassion donc soit à un don en argent, ou soit sous forme de legs ( ?). L’une d’entre elle, lui conseille de consacrer 1€ par jour à la cause qu’elle soutient…1euro, pourquoi pas se dit Félicité ? Mais un euro chaque jour, sur une année cela fait 365 euros et pour qui et pour quoi ? Pour tous ? En poussant le raisonnement jusqu’au bout, à raison de 365 euros par an multipliés par 14, puisqu’il y a 14 ONG qui la sollicitent régulièrement cela représente un budget de 5.110 euros ! Diable se dit-elle, même pour une retraitée catégorisée parmi « les aisées ( ?!) » cela représente une somme.
Et d’autant plus si, dans le même temps, les courriers de l’administration fiscale, qui sont également dans cette même boite à lettres, lui rappellent qu’elle doit régler, quasiment dans l’urgence, la taxe foncière, la taxe d’habitation et le troisième tiers de ses impôts , (parce bien évidemment Félicité fait partie des 49 % de citoyens français qui paient des impôts !.)
Autant d’exigences à saper le moral de Félicité, à trois semaines des fêtes de Noël, qu’elle pensait préparer dans la joie et la sérénité en prévoyant la venue de toute sa « tribu » enfants, petits enfants, et arrières petits enfants, ce qui commence à faire du monde !
Elle en était là de ses réflexions tout en continuant à ouvrir les enveloppes contenant les missives caritatives, lesquelles missives sont pratiquement toujours accompagnées de photos, témoignant de l’urgence d’agir, et de gadgets divers : tels , porte-clés, cartes postales , papiers à lettres agrémentés des initiales de Félicité , écrites à l’anglaise (c’est plus chic), stylo bille noir ou couleur, vignettes avec l’adresse de Félicité à apposer au dos des enveloppes ( soit plus d’un cent de vignettes à utiliser , ce qui présuppose quelques lettres à écrire !) Comme c’est la saison, l’agenda 2019 (3exemplaires reçus dans la semaine) était d’actualité, etc,etc. Toutes choses inutiles, destinées vraisemblablement à « récompenser » le futur donateur, ce qui est déjà un non sens, et, avec une forte probabilité de finir à la poubelle !
C’est pourquoi Félicité se pose des questions. Combien ça coûte tout ce qui n’est finalement qu’un « marketing de bazard » vendu par une agence de Pub ( spécialisée dans le marketing direct), aux Responsables de la « communication » de ces O.N.G ? Et bien cela coûte déjà la marge de l’agence dite conseil (minimum 25%), plus le prix des objets « made in China » (tant mieux pour l’économie chinoise !) Plus le prix des salaires des petites mains qui préparent les envois, etc…Et, c’est sans compter le prix de l’empreinte écologique de ces gadgets ? Entre les matières premières utilisées pour les fabriquer,( entre autre le papier), leur transport par bateaux containers etc…In fine que reste t-il sur 1 euro donné pour répondre « à la misère du monde » ?
Félicité
P.S. Aux dernières nouvelles, toutes les ONG se plaignent que les dons ont diminué de 15 à 2O% en 2018. Or le plus gros contingent des donateurs ce sont les retraités, ceux catégorisés comme « aisés », mais comme ils viennent d’être taxés (entre autres ) d’une C.S.G augmentée pour permettre aux salariés de gagner plus en cotisant moins, et que la gestion d’un budget, quel qu’il soit, c’est aussi des arbitrages, et bien ils se sont abstenus. Les autres donateurs, moins connus, étaient ceux qui étaient assujettis à l’I.S.F. car en donnant ils bénéficiaient d’un crédit d’impôt, et comme « charité bien ordonnée commence toujours par soi-même », n’ayant plus d’I.S.F à payer, ils ont cessé de participer « à toute la misère du monde », allez donc savoir ce qu’ils font maintenant de leur argent ? Vaste question !.