Edito

Posté le 09/09/2016 dans Edito.

Les « Causent toujours » !

En ce début de mois de juillet le beau temps enfin revenu, les migrations vacancières à la queue leu leu bouchonnaient sur les grands axes routiers hexagonaux. Le gouvernement soucieux d’assurer la sécurité des Français venait de prolonger « l’état d’urgence » ; les avions d’Air France étaient bloqués au sol pour cause de revendications catégorielles laissant au bord du tarmac des milliers de voyageurs ; la plus belle ville du monde Paris, puait de toutes ses pores faute de poubelles non ramassées…bref c’était la France telle que la voit le reste du monde, mais rien, semblait-il, ne pouvait entamer le bonheur des juillettiste en transhumance vers des édens rêvés depuis de longs mois.

C’était sans compter sur le drame que fut  l’attentat épouvantable de Nice en ce jour emblématique de fête nationale. Après un temps court de sidération devant l’horreur et la nature de cet attentat, les hommages nationaux rendus aux victimes, la compassion aux familles, les témoignages de solidarité de la communauté internationale, les « causent toujours » sont montés à l’assaut des média pour dénoncer l’incompétence de l’Etat incapable d’assurer la protection des Français. Le « cause toujours » régional, ancien maire de Nice (mais toujours omniprésent) polémiquant sur l’inconséquence du ministre de l’Intérieur et le nombre de policiers dévolus ce funeste jour sur l’Esplanade des Anglais de la ville la mieux dotée de France  avec ses quelques  1257caméras de vidéosurveillance et 378 policiers municipaux.

L’inflation verbale enfla, puis comme baudruche se dégonfla, les Grands « causent toujours », vieux briscards de la politique reprenant le cours de leurs affaires plus urgentes à savoir les futures primaires. Les vacanciers pouvaient eux continuer leur farniente, profiter du soleil, de la montagne, de la campagne et pour certains de la Grande bleue, jusqu’au moment où ses derniers ont vu débarquer sur la plage une, deux, peut être davantage, femmes affublées d’un invraisemblable maillot de bains censé les protéger de la concupiscence des regards masculins, le fameux Burkini.

Il n’en fallait pas davantage pour qu’aussitôt quelques édiles locaux « causent toujours » en première ligne s’enflamment, déclarent quasiment la patrie en danger, et prennent derechef des arrêtés d’interdictions. C’est le moment que choisi le petit homme auréolé de quelques mises en examen, reconnu  universellement comme un « cause toujours » exceptionnel, pour déclarer avec des accents présidentiels «  Le port du burkini est un acte politique, militant, une provocation ! » Bref, le burkini occupait tout l’éventail politique de la droite extrême à l’extrême gauche et ce pratiquement pendant toute la période où les vacanciers aoutiens avaient remplacés les juillettistes. Bien heureusement le Conseil d’Etat fut saisi par la Ligue des droits de l’homme afin qu’il donne son avis selon le Droit. Sa réponse fut sans appel, il condamnait les arrêtés d’interdiction du Burkini pris par certaines municipalités. Cela mit fin aux verbiages, nos Grands « causent toujours » cessèrent de s’inquiéter soudainement de la dignité de la femme bafouée, de sa liberté entravée et bla bla et bla bla bla et reprirent le cours de leurs préoccupations à savoir les primaires ainsi que leur présence sur les réseaux médiatiques et sociaux de préférence pour se tacler l’un l’autre !

Le mois finissant les transhumants reprirent en bouchonnant le chemin du retour, préoccupés, déjà, par la reprise du boulot et la rentrée des classes. Les premiers jours de septembre  étaient radieux… c’est alors que  le sémillant ministre de l’économie, jeune « cause toujours » annonça sa démission du gouvernement et son ambition qui était désormais de marcher  tout seul pour aller vers son destin forcément zénithal ! Depuis tous les grands « causent toujours » sont en émoi, les gazettes également, enfin tout ce qui parle, s’exprime d’une façon où d’une autre. Soudainement la France a été atteinte par une épidémie de macronnite aigüe !

Colette Lièvre


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