Le houx commun (Ilex aquifolium) se singularise par la présence de fruits rouge vif sur un feuillage vert luisant en plein cœur de l’hiver. Il tire son nom français du francique hulis qui a enrichi la langue française de quelques mots tel que houspiller, housserai, houssaie ou houssière pour désigner un lieu planté de houx. L’équivalent anglais holly est très proche phonétiquement de ce terme, de même que Huls en ancien allemand, Hulst en Néerlandais…La même racine de mots est donc à l’origine de la nomination du houx dans une partie de l’Europe. Linné lui a donné son nom scientifique en reprenant un terme qui désignait également le chêne vert (Quercus ilex) dont les feuilles partagent une similitude d’aspect et de durabilité. Cette caractéristique a été renforcée dans l’attribution du nom d’espèce aquifolium[1]. La coutume lui a donné quelques noms vernaculaires (gréou, bois franc, houx épineux) et l’a introduit dans des toponymes.
Ecologie
Le houx est présent dans une grande partie de la France à l’exception du nord et de l’est où sa présence est plus aléatoire à cause des froids, de la Provence ou son développement est limité par la ressource en eau, le houx abonde dans le centre, l’ouest et le sud-ouest de la France. Etroitement associé à la forêt, il se plait à prospérer en condition atmosphérique humide qu’il trouve sous un couvert forestier de feuillus (chênaie/hêtraie atlantique collinéenne à houx) en plaine et/ou basse montagne, mixte associé à la sapinière. Cette situation le place en espèce d’ombre (sciaphile) ou demi ombre (photophile) ; pourtant c’est isolé en pleine lumière qu’il fructifie le mieux. Végétal acidicline, le houx prospère de préférence dans des sols humides, argileux en profondeur et non carbonatés sauf en de rares occasions[2].
En Aquitaine sa faible taille le place en espèce de sous-bois et de clairière, à répartition commune à assez commune. Dans le Pyrénées, l’étage collinéen (800-1200 m) est le stade ultime des houx bien développés ce qui ne l’empêche pas de se trouver plus ou moins nanifié jusqu’à 2000 m.
Des formes de houx prospéraient à l’Eocène (-50 MA BP) sous un climat à épisodes très chauds sur le territoire de ce qui sera l’Europe occidentale. Le refroidissement du Miocène amorça la migration de nombreuses espèces vers les tropiques. Certaine espèces sont restées sous ces nouvelles contraintes climatiques en conservant des caractéristiques du climat tropical/subtropical précédent. De nos jours le houx commun est spontané en Europe, de la péninsule ibérique à l’Asie mineure, des pays circumméditerranéens à la Norvège.
Un arbre longévif
L’intérêt croissant pour l’écologie a permis de dresser une série de recensements dont les inévitables inventaires d’arbres remarquables. Le houx y figure quelquefois par la mention d’individus atteignant 10 à 15 m de haut pour des circonférences de troncs dépassant les 2 m, ce qui est le cas à Molphey (Côte d’Or), Tronchet (Ille-et-Vilaine), en forêt de l’Isle-Adam (Val-d’Oise)…mais ces sujets restent exceptionnels. Le plus gros serait celui de Lassay-les-Châteaux (Mayenne) avec 261 cm de circonférence à 1.30 de haut. En Aquitaine quelques houssières se trouvent en forêts pyrénéennes donnant des ensembles spectaculaires, beaucoup plus réduites ailleurs.
Parmi les individus isolés, le plus gros me semble être celui de Canéjan (Gironde)avec 224 cm de circonférence pour 18 m de haut
Ces dimensions peuvent faire classer le houx comme un petit arbre, terme réservé aux végétaux dépassant le seuil de 7 m de hauteur. Son tronc recouvert d’un rhytidome grisâtre lisse ponctué de taches blanchâtres, est presque toujours ramifié quand l’homme ne vient pas élaguer les branches basses pour un tas de raison.
Son âge optimal semble se situer vers trois siècles. Toutefois il faut reconnaître que les limites physiologiques et le comportement des végétaux indigènes de grande longévité est mal connus ; le même constat s’impose plus fortement pour les arbres, arbustes et arbrisseaux exotiques introduits sous nos climats.
Description
Le houx fait partie des aquifoliacées, une famille qui regroupe entre 350 et 400 espèces réparties en trois genres dont le seul ilex en compose la quasi-totalité. Ce sont des espèces essentiellement tropicales réparties en Amérique du Sud, Antilles, Australie, quelques unes en Amérique du Nord.
Son port érigé est dû à des rameaux glabres à tomenteux portant des bourgeons très petits et effilés donnant naissance à des jeunes feuilles vert clair à rouge.
Les feuilles (2,5 cm de large/8 cm de long en moyenne) sont aussi simples que coriaces, glabres, alternées sur la tige, brillantes sur la face supérieure et très pales au dessous. De forme oblongue/ovale à bord ondulé hérissé d’épines, la feuille est portées par un petit pétiole (1 cm) aplati se terminant ou pas par de très petits stipules. Ces deux caractères –l’ondulation des feuilles et la présence d’épines sur les feuilles- varient suivant l’âge et la génétique du sujet.
C’est une plante dioïque[3] -sexe séparé sur des individus différents- dont la floraison se produit en mai/juin. Si les fleurs mâles sont solitaires et d’aspect insignifiantes (de petite taille à sépales verts) à l’aisselle des rameaux de l’année précédente, les fleurs femelles sont plus voyantes (5-8 mm) car groupées par 3 à 5, et parfumées pour faciliter la pollinisation. Les fleurs méritent le qualificatif de tétramère : 4 sépales triangulaires verts et soudés à la base, 4 pétales blancs, 4 étamines, 4 carpelles.
Le fruit est une drupe sphérique (10 mm en moyenne) souvent piriforme, rouge vif, visible de l’automne au printemps suivant. Elle contient 3 à 5 noyaux allongés, jaunâtres, d’aspect fripé. La chair contient des substances toxiques capables de provoquer diarrhées et vomissements par ingestion. Les passereaux l’apprécie beaucoup notamment la drive draine qui constitue rapidement des territoires dans les houssières.
Usages
L’ancienneté de l’utilisation du houx est attestée par les usages des Grecs puis des Romains dans leurs saturnales comme symbole d’immortalité (dans le sens de renaissance). Les druides semblaient le considérer comme une forme de refuge des bons esprits de la forêt –les dryades- en période hivernale (cf. Pline Naturalis Historiae) [4]. Comme d’autres plantes à feuillage persistant, le houx a représenté l’immortalité pour les Celtes également. L’habitude d’employer des branches aux feuilles vert luisant et garnies de baies rouges dans son chez soi en fin d’année est un lointain écho de cette croyance.
Sa présence dans les cimetières[5], très en retrait par rapport à la trilogie des plantes sacrées if, buis, cyprès, est restée beaucoup plus discrète. Il est possible qu’elle soit due à une confusion avec le chêne vert avec lequel il partage le même terme latin ilex. Le Christianisme en ont fait un des végétaux témoins des évangélisations de Martin. Toutefois l’appellation de houx de saint Martin est très secondaire au regard des essences locales de longue durée ou d’importance alimentaire, usuelle ou images houxéconomique de premier plan tels que le châtaignier, les chênes, l’orme, les tilleuls et même le frêne. Son rôle propice aux apparitions mariales est plus probant en tant que « buisson épineux » au côté des aubépines et des ronces surtout dans les régions de montagne où la présence du houx est plus importante dans les traditions.
Le houx a servi de haies défensives contre aussi bien contre la dent des herbivores que contre l’importun. En pays de montagne il a servi à borner la parcelle ou le passage, fonction reprise plus bas en altitude et en plaine par l’aubépine.
Les feuilles ont été utilisées en décoction fébrifuge contre la goutte, certains rhumatismes et les fièvres intermittentes dans les campagnes avant de tomber en désuétude (cf. travaux d’Emmanuel Rousseau au XIXe siècle). Les drupes ont une propriété purgative mais sont dangereuses d’emploi ; après torréfaction, elles ont servi un temps de substitut au café sans réel succès.
Le bois blanc nacré à cœur sombre, lourd et dur se polit, se sculpte et se tourne. Le liber de l’écorce rentre dans la composition d’une colle. L’horticulture a sélectionné de nombreux cultivars à feuilles jaunâtres «Aureomarginata », blanc verdâtre « Leucocarpa », à feuilles tordues et très dentées « Crispa », à port pyramidal « Pyramidalis » et bien d’autres formes et couleurs.
Jean-François Larché
Crédit photographique : Jean-François Larché
[1] Aqui, de acus= aiguille + folium=feuille ; à feuille épineuse ou aiguisée.
[2] Sur hêtraie mésoneutrophile installée sur substrat calcaire par exemple.
[3] Certains individus peuvent être monoïques, donc portant les fleurs des deux sexes. Sont-ils auto-féconds pour autant ?
[4] La même approche concernait le gui, symbole d’immortalité encore plus fort car celui-ci était prélevé avec moult précautions sur des chênes dépourvus de vie apparente en hiver.
[5] Le vieux cimetière d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) abritait un magnifique houx, celui de Borce en possède un plus jeune.ine
Bonsoir
Comment réussir une torréfaction des feuilles de houx ?
Merci .
Malheureusement nous sommes incapables de répondre à votre question- Vous pouvez, peut-être consulter utilement Wikipédia?
Que cela ne vous empêche pas de passer de Bonnes fêtes que nous vous souhaitons heureuses. La rédactin