Les Enfants pendant la guerre de 14-18.

Posté le 20/09/2014 dans Histoire.

« Les Enfants et les Masques ».

Comment dans une ville ouverte, il faut protéger les enfants contre les projectiles asphyxiants que les Allemands font alterner avec les obus incendiaires ?
Les enfants de Reims, qui sont héroïques comme nos soldats et comme eux exposés aux périls de la première ligne de feu, portent comme eux aussi des masques contre les gaz asphyxiants, car les Allemands ne cessent de bombarder la ville martyre et chaque semaine tombe sur la cathédrale ou dans les rues des obus chargés de gaz ou d’explosifs. Cette menace perpétuelle n’empêche pas les petits Rémois de fréquenter assidûment les classes souterraines qui furent aménagées dans les caves. Ils ajoutent simplement à leur équipement d’écoliers, au cartable rempli de cahiers et de livres, les lunettes et la pochette de compresses remplies de l’antidote contre les gaz asphyxiants. Par prudence ils mettent leurs lunettes autour de leur front, dès qu’ils quittent la maison paternelle, afin d’être immédiatement protégés contre la surprise mortelle de l’obus inattendu.
Ainsi équipés, ils sont pareils au benjamin de l’école, le petit Robert Canonne, âgé de cinq ans, dont nous publions la photographie. Et ils font sérieusement l’exercice de la pose des masques, comme les soldats dans la tranchée. Les écoliers de Reims savent qu’il n’y a pas de Mardi gras pendant la guerre, ils ajoutent ce souvenir à ceux qui resteront gravés éternellement dans leur esprit. Ils ont été attentifs aux explications que leur donna la directrice de l’école primaire, et aux démonstrations faites devant eux par les professeurs et les institutrices. Pendant les récréations, à l’entrée et à la sortie des classes, les plus grands ont donné des répétitions supplémentaires aux plus petits. Et maintenant chaque écolier arrive à bien ajuster son masque en trente ou trente cinq secondes. D’ailleurs, tous les habitants de Reims prennent la même précaution : le sachet est devenu un accessoire indispensable de l’habillement et les Rémoises ont même la coquetterie d’en faire une mode gracieuse… »

Les orphelins de la guerre.
Les enfants recueillis par les nombreuses œuvres charitables qui remplacent pour eux le père combattant, ou tué, la mère défunte, sont répartis en colonies sur différents points de la France. Les plus fortunés sont les centaines de bambins logés dans des villas actuellement inoccupées de la Côte d’Azur, à Cannes, Antibes, Juan-les-Pins, Saint-Jean, etc…
Dans chaque villa les diverses pièces sont aménagées en dortoirs de 4, 5, ou 6 lits, suivant la grandeur de la pièce. Chacune de ces chambrées est sous la surveillance d’une mère volontaire, femme ou jeune fille qui couche avec les petits dont elle a la garde. La plupart de ces mères sont, elles-mêmes, des orphelines ou des veuves de guerre.
Plusieurs des pupilles de l’œuvre dont la mère a été tuée ou n’a pas pu quitter le pays envahi, ont leur père au front. Quand celui-ci obtient une permission il accourt pour embrasser ses petits, et l’homme du Nord qui n’est jamais venu dans ce pays fleuri et ensoleillé, ne sait pas ce qu’il doit admirer le plus, de la bonne mine de ses gosses ou de la splendeur de cette merveilleuse Côte d’Azur où il les retrouve en janvier au milieu des roses, des géraniums, des iris, jouant sous les mimosas en fleurs, les palmiers, les eucalyptus et les orangers.
Son sourire se teinte de mélancolie au souvenir de la compagne disparue ; peut être aussi songe t-il qu’un jour les pauvres petits devront quitter ce paradis temporaire, pour venir prendre place avec lui dans les agglomérations ouvrières, autour des usines ou des chantiers, sous un ciel fumeux que ne parfume aucune rose !
(Extrait de l’Illustration n°1800 du 22 janvier 1916).

 


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