En mars dernier, Monsieur Alain Juppé a quitté la mairie de sa bonne ville de Bordeaux pour aller se ressourcer, peut-être, sous les Ors de la République à Paris ! Remplacé à son poste par son premier adjoint, ce dernier semble avoir pris goût à la fonction car il entend bien se présenter aux prochaines municipales. Le départ de Monsieur Juppé a eu une autre incidence qui n’a pas suscité grands commentaires ni mouvements de foule intempestifs, tout au moins dans cet Entre-deux-Mers. Félicité évoque là la présidence de la Métropole qu’il a fallu également remplacer. Elle le fut par un certain Monsieur Patrick Bobet, maire du Bouscat depuis deux décennies et semble t-il inconnu sitôt La Garonne traversée. La notoriété publique de ce Monsieur n’allant pas au-delà d’un certain microcosme bordelais de la rive gauche.
C’est peut être pourquoi, sitôt élu, le nouveau Président pour s’affirmer, a fait une déclaration tonitruante dans le registre « On allait voir ce que l’on allait voir !» « …qu’il n’avait pas l’intention d’être un président intérimaire, bien qu’il n’envisageât pas de se représenter à la fin de son mandat dans six mois, préférant le faire devant ses administrés bouscatais (sic)…mais, par contre, il entendait bien se faire entendre pendant ce laps de temps, et taper éventuellement du poing su la table, s’il le fallait, son intention étant de repenser en profondeur quelques grands projets d’aménagement de la métropole et ce pour les trente prochaines années !.. »
« Bigre, s’est dit Félicité, ce Monsieur ayant déjà dépassé l’âge de la retraite ( celui d un citoyen ordinaire) avec ses 68 ans bien sonnés , s’il espère voir aboutir ses projets en 2049 il en aura alors 98…ce qui témoigne d’un bel optimisme de sa part, que l’on ne saurait que saluer , et ce d’autant plus que le dernier rapport du GIEC sur le réchauffement climatique prévoit pour 2050 un réchauffement tel de notre planète qu’il est probable que l’humanité sera en grand danger, à moins que, à partir de maintenant cette même humanité se réveille, change de braquet et commence à prendre en compte sérieusement un virage à 180° pour s’adapter à un autre mode de vie !»
Bref, le temps lui étant compté, ce président a décidé de s’attaquer en première instance « Aux mobilités de la métropole bordelaise, voire au-delà» afin de résorber la congestion de l’agglomération. Pour ce faire, Monsieur Patrick Bobet a développé son plan pêle-mêle. devant la presse: renforcer les transports en commun, lutter contre les embouteillages et désengorger la rocade, équiper les villes périphériques avec des trolleybus, investir sur une ligne de métro (sur ce point, la décision finale devant être prise avant la fin de l’année) utiliser la bande d’arrêt d’urgence de la rocade, adapter les horaires – ce dernier point mérite que l’on s’y attarde et que l’on reprenne ses propos in extenso : « …On est en retard sur le bureau des temps .On prétend que la rocade est encombrée du matin au soir, ce n’est pas vrai ; elle est encombrée à des horaires très précis. Cela veut dire qu’il y a trop de monde en même temps et qu’il faut redistribuer les déplacements en termes d’horaires. Il faut que les entreprises, les collectivités, les hôpitaux se parlent pour se mettre d’accord sur des décalages. Les lycées aussi. Pourquoi faut-il que tous les lycées de Bordeaux rentrent tous les matins à 8 heures… »(sic)
( « …Et bien oui pourquoi ?, ironise Félicité, en voilà une idée qu’elle est bonne pour améliorer l’organisation quotidienne des familles surtout quand les deux parents travaillent !Quant aux urgences hospitalières elles n’ont qu’à bien se tenir et ne se manifester qu’aux heures adéquates… »- )
Et enfin, il a été question de remettre au goût du jour « Le Grand contournement auto-routier » en reprenant l’idée de barreau auto-routier, projet allant pourtant à l’encontre de son enterrement par le Grenelle de l’environnement de 2007 !?! La collectivité bordelaise se souvenant qu’elle avait passé un protocole de coopération avec les villes de Limoges et Mont de Marsan, ce futur barreau auto-routier permettrait de relier les autoroutes A.89 à A.62 et A.65 et ainsi désengorger A.10 et A.63 et la rocade bordelaise., tout en réalisant ce contournement au large de Bordeaux il constituerait une opportunité « d’apporter la fibre optique à très haut débit » vers Limoges !
Il présenterait donc l’avantage d’envoyer une partie des 25.000 camions quotidiens qui sillonnent la rocade au-delà c’est-à-dire dans les campagnes et villages entourant Limoges, Périgueux, Mussidan, Langon et là plus précisément en Entre-deux-Mers où près de 87 kms « de barreaux » sur les routes départementales seraient mises aux normes autoroutières avec tous les effets néfastes environnementaux collatéraux. Pollution de l’air, artificialisation des terres agricoles et surtout viticoles (parce que contrairement à ce qu’affirme Monsieur Bobet, il y a aussi des vignobles en Entre-deux-Mers, et nombreux sont déjà les vignerons qui se sont mis au bio) la destruction de paysages remarquables, ne compare t-on pas cette partie de l’Entre-deux-Mers à la Toscane, en raison même de la diversité de ces derniers, la richesse de leur patrimoine végétal avec des arbres remarquables, uniques en Gironde –
Félicité subodore que ce président là, est vraisemblablement plus attiré par le tropisme d’Arcachon et du Cap Ferret, que par celui des bastides, abbayes, églises romanes, forteresses et châteaux médiévaux, châteaux et maisons nobles viticoles, moulins, lavoirs, beauté du petit patrimoine qui est la fierté des villages…tout ce qui constitue la richesse de ce territoire. Qui n’a pas encore été tout à fait « amoché » par les aberrations d’aménagement en tous genres au nom de la circulation et mobilité des gens et des marchandises !
Présenté le 24 mai dernier au Conseil de Bordeaux Métropole, le projet a déclenché l’ire des élus écologistes qui ont rappelé les recommandations récentes des scientifiques concernant le réchauffement climatique, etc., défendant l’urgence de la protection de la planète donc aussi celui de l’avenir de notre humanité…La délibération a pourtant été votée par la majorité située à droite , il a été décidé de créer un groupe de travail et « d’influence » chargé d’étudier la question. !!
Félicité se souvient, car c’est le privilège de l’âge de pouvoir et savoir se souvenir, elle se souvient donc qu’il y a déjà près de 20 ans que les associations de protection de l’environnement, mais aussi la viticulture et l’ensemble des habitants de cet Entre-deux-Mers s’étaient opposés avec détermination à ce projet. Il avait été même proposé des alternatives pour réduire de façon significative ce trafic de camions qui sillonnent l’Europe du Nord au Sud ;la France de par sa situation géographique étant souvent un passage obligé. Félicité se souvient et s’étonne de n’entendre jamais parler sérieusement du fret ferroviaire pour capter ce trafic. La France est le seul pays d’Europe occidentale où le fret ferroviaire s’est effondré. Pourquoi ? Elle continue de s’étonner sur l’absence de volonté pour remettre aux normes et en état ce réseau fluvial français qui est le plus dense d’Europe et le moins exploité parce qu’abandonné depuis le 19 siècle en faveur déjà du tout routier. (Pour mémoire un convoi de péniches de 185m de long permet de transporter 5000 tonnes de marchandises). Seulement là aussi, pourquoi avons-nous 8 fois moins de transport fluvial que l’Allemagne ? Celle-ci a compris depuis longtemps que le transport fluvial n’est plus simplement le transport des pondéreux, mais celui de conteneurs, donc une autre dynamique économique qui va peut-être à l’encontre du juste à temps ou du système d’Amazone où les usagers exigent d’être livrés au jour le jour et pourquoi ?
Oui, Félicité se pose bien et toujours ces questions.
Dans les années cinquante la France s’enthousiasmait pour un autre Bobet, un homonyme prénommé Louison, considéré comme l’un des coureurs les plus talentueux de l’histoire du cyclisme avec un palmarès international exceptionnel : champion de France, champion du monde, et bien d’autres titres …Ayant été victime d’un accident grave il a du interrompre sa carrière mais a continué à avancer, à innover en devenant le précurseur de la thalassothérapie. En quelque sorte il a continué à pédaler vers l’avenir et le futur en innovant. Hélas notre Bobet actuel est lui plutôt dans le rétro -pédalage , remettant sur le devant de la scène de vieux projets complètement obsolètes et signifiants d’un monde qui est en train de disparaitre , peut être à notre corps défendant, mais d’une manière inexorable.
Félicité se dit : vivement que la mandature actuelle de Monsieur Patrick Bobet se termine. Qu’il retrouve sa planète bouscataise et ses administrés, à défaut ses patients puisque que Monsieur Patrick Bobet est également médecin !
Félicité.
Sources :20 Minutes –journalistes : Mickaël Bosredon- Elsa Privenzana- RUE 89 « A Bordeaux Métropole, les Ordonnances du docteur Bobet pour la rentrée » :Simon Barthélémy.- Cahiers de l’Entre-deux-Mers , n° 37- Mars-avril 2000.Dossier spécial : Au secours le SDAU arrive ! Le Grand contournement :pourquoi c’est un mauvais projet. N° 75- août-septembre-octobre 2006.Retour sur l’actualité « Le Grand Contournement de Bordeaux » Ces articles sont consultables sur les archives des Petits Cahiers :www.routefmauriac.org