Lettre de Madame de Sévigné à sa fille.
« Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris !
Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu’il nous fait livrer.
Cela m’attriste, je me réjouissais d’aller assister aux prochaines représentations d’une comédie de Monsieur Corneille « Le Menteur », dont on dit le plus grand bien. Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode.
Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous
nous régalons des Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle très à propos « Les
Animaux malades de la peste » ! « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés »
Je vous envoie deux drôles de masques ; c’est la grand’mode, tout le monde en porte à
Versailles. C’est un joli air de propreté qui empêche de se contaminer.
Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »
Cette lettre de Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné adressée à sa fille Madame de Grignan et censée avoir été écrite il y a 333 ans, est en fait un pastiche ! Exercice bien dans le style de notre célèbre épistolière mais qui présente quelques anomalies historiques ainsi : il n’y aurait pas eu d’épidémie cette année là sur Paris -Le jour où cette lettre a été écrite le Cardinal Mazarin et le cuisinier Vatel étaient morts : le premier en 1661, le second s’est suicidé en 1671. Enfin, selon plusieurs calendriers le 30 avril 1967 n’était pas un jeudi mais tombait un mercredi…et ce jour là Madame de Sévigné n’a écrit aucune lettre comme en témoignent les recueils qui recensent l’ensemble de son œuvre. (Source : Libération . Service Checknews )
Paru sur Face book, ce pastiche aurait été vu et lu par quelques 50.000 personnes, ce qui laisse supposer qu’une partie d’entre elles auront peut-être rencontré pour la première fois « La Marquise de Sévigné –(1626-1696)» considérée comme l’une des plus grandes épistolières de notre littérature. Elle s’est rendue célèbre pour l’abondante correspondance qu’elle a entretenue pendant 25 ans avec sa fille Françoise de Grignan où elle lui relate les potins de la cour : scandales, politique, évènements mondains, mariages, toute la vie parisienne au XVIIème siècle en quelques 1500 lettres ! En ce monde où l’on navigue sur la Toile entre fausses-vraies nouvelles et vraies-fausses nouvelles, on peut reconnaître à l’auteur de ce pastiche d’avoir eu le mérite de faire renaître le souvenir de cette grande Dame que fut la ravissante Marquise de Sévigné.
Colette Lièvre.
Bonjour Colette,
excellent !
2021 va être propice à d’autre pastiches.
Je te souhaite une merveilleuse année
Philippe