Il y a quelques semaines la publication du 5ème rapport du G.I.E.C (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat) sur les impacts prévisibles du changement climatique sur les systèmes géophysiques : inondations, sécheresse, élévation du niveau de la mer, fonte des glaciers , etc…avec leurs conséquences sur les vies, les moyens de subsistance, la santé, les écosystèmes, les économies des sociétés, les cultures, les migrations des populations…avaient à juste titre ému les média de tous bords qui sonnaient quasiment le tocsin devant l’urgence des désastres annoncés. Quelques semaines plus tard nous apprenions que la France n’a jamais eu aussi chaud que cette année depuis 1900 !
Est-ce cette chaleur ambiante qui échauffe les esprits ? Les portant à manifester quasiment chaque semaine soit selon leurs humeurs corporatistes confer « les bonnets rouges », « les pigeons », sans compter les « pilotes d’Air France », plus rare « les avocats, notaires et greffiers », sans oublier « les routiers » qui, menaçant de bloquer l’hexagone, ont été vite entendus…et puis il y a ces groupes de citoyens souvent lanceurs d’alerte, qui manifestent en raison de leurs convictions profondes sur un monde qui change alors que nos « élites politiques, technocratiques » continuent de rêver sur de vieilles lunes, au nom de l’intérêt général, tels ces « Grands projets Inutiles, Imposés ». Projets concoctés dans le secret des cabinets, (souvent il y a plus de vingt ans) que ceux, qui nous gouvernent, au nom de leur légitimité, n’entendent pas voir contester, ce qui conduit la mobilisation citoyenne à se radicaliser « justifiant en retour l’usage d’une force, qui, pour être « légale » n’en reste pas moins meurtrière et illégitime » 1.
Le rapport de forces inégalitaires, peut-il justifier la mort d’un gamin de 21 ans, venu là au barrage de Sivens (Tarn) avec son sac à dos et la candeur de ses illusions : celles de voir suspendu ce projet ? Le recours à deux experts indépendants avait été missionné pour en évaluer le bien fondé. Insupportable pour les élus locaux, décidés à agir coûte que coûte, jusqu’au boutisme, pour ne pas perdre la face… qui ont fait accélérer la destruction de la zone humide.
Il aura fallu le drame de la mort de Rémy et la douleur inextinguible de sa famille pour que le projet soit interrompu pour plus amples réflexions et peut être une concertation apaisée des différentes parties ! Mais est-ce possible dans notre démocratie fatiguée où la légitimité de nos élus est de moins en moins représentative, où les outils mis en place (enquête publique, déclaration publique, débat public…) sont à revoir car obsolètes et ne répondant pas aux attentes d’une population de plus en plus instruite, informée et consciente des enjeux environnementaux qui menacent notre planète ? Chaud devant !
Colette Lièvre

1.Stephen Kerckhove délégué général d’Agir pour l’Environnement: “Sivens: des armes et des larmes…”