Commémoration de la guerre 14-18…

Posté le 16/06/2016 dans Histoire.

Et les Femmes ?………

Le mois de mai 2016 a été aussi celui de la commémoration du centenaire de la Bataille de Verdun.

Symbole de l’enfer que fut cette guerre, même si cette bataille ne fut pas la plus décisive pour remporter la victoire, elle n’en demeure pas moins ancrée dans la mémoire collective. Avec ses 700.000 morts, disparus, blessés (360.000 Français et 327.000 Allemands) elle est devenue le lieu de mémoire de la première guerre mondiale par excellence. C’est donc avec respect et émotion que l’on a le devoir de se souvenir du sacrifice de ces poilus (90% d’entre eux ont participé par rotation à cette bataille) souvent très jeunes (moyenne d’âge 22 ans !) et qui ont laissé derrière eux affligées et devenues  oh ! combien responsables et indispensables dans ce conflit, les femmes, célibataires, mères, sœurs, épouses…

C’est pourquoi, il est peut être temps de se souvenir aussi de ces millions de femmes victimes toujours et héroïnes souvent.

D’abord de ces femmes belges et une partie des femmes françaises qui ont subi l’invasion allemande, l’occupation. Dans ces régions dévastées elles ont été victimes par milliers : violées, déportées en Allemagne, détenues et contraintes au travail de force. Celles qui en reviendront, proposeront en avril 1919, en vain, la création d’une commission d’enquête pour rechercher les femmes encore détenues et ce malgré une pétition de 15.000 noms présentée lors de la conférence de Versailles.

Certaines ont été héroïques en profitant de la proximité de l’ennemi pour en tirer des renseignements et les transmettre aux alliés. Elles ont caché les hommes mobilisés de force pour les soustraire à l’ennemi ou encore accueilli des prisonniers de guerre évadés et organisé des filières pour qu’ils puissent passer la frontière ou encore diffusé des documents de propagande patriotique. Elles ont résisté aux Allemands lorsqu’ils voulaient les réquisitionner, malgré les risques encourus, telles Marie Gervaise, Flore Lafrance, Georgina Darrel, Angèle Lecat, l’infirmière britannique Edith Cavell, toutes y laisseront leur vie ! En 1919 sera décorée à titre posthume celle qui sera considérée comme la plus célèbre des héroïnes Louise de Bettignies, mais  hélas elles seront moins d’une dizaine ces françaises à être reconnue  pour  leur héroïsme et à recevoir la Croix et la Carte de combattante.

Léa Bérard, professeure , féministe et auteure de deux livres sur « Les vaillantes Françaises » n’arrivera pas à convaincre les politiques de tous bords de l’époque. La France, Pays des droits de l’Homme mais qui oublie si fréquemment la Femme, contrairement à la Grande bretagne et aux Etats Unis n’honorera pas la mémoire de ses héroïnes.

Qui s’en souvient aujourd’hui ?

Ainsi Edith Cavell, elle a alors 50 ans et est infirmière britannique. En 1907 elle est invitée à Bruxelles pour fonder la première école d’infirmières selon les méthodes instaurées par Florence Nightingale. Lors de l’invasion allemande en 1914, l’école est transformée en hôpital  de la Croix Rouge où sont soignés les blessés de toutes nationalités. Lorsque les autorités allemandes exigent que tous les Belges en âge d’être soldats soient signalés à la police, Edith Cavell, avec le soutien de ses infirmières, aide alors les réfractaires à passer clandestinement aux Pays Bas (pays neutre) ainsi que des soldats Français et britanniques, soit au total quelques 200 personnes. Elle est arrêtée en août 2015, condamnée à mort et fusillée le 12 octobre de la même année. Sa mort suscita de nombreuses réactions tant en Europe qu’aux Etats Unis et deviendra  un symbole des crimes de guerre allemands en Belgique. Enterrée non loin de son village natal, dans la cathédrale de Norwich, une statue lui a été élevée sur la place Saint Martin.

Mais aussi Louise de Bettignies, alors âgée de 38 ans, dirigeant dans le nord de la France un  réseau très efficace, elle donne des renseignements sur les troupes allemandes aux services secrets britanniques. Victime d’une trahison elle est arrêtée avec son amie  Léonie Vanhoutte en 1915,  et toutes deux sont condamnées à mort en 1916. Cependant pour éviter « une nouvelle affaire Cavell » leur peine est commuée en prison. Protestant contre les conditions de détention des détenues, Louise de Bettignies  est alors condamnée au cachot et meurt d’une maladie mal soignée. La ville de Lille lui a consacrée un monument la représentant avec « un poilu » lui baisant les mains.

Sources : Le XXème siècle des femmes (p.113-121-139) auteur : Florence Montreynaud, avec la collaboration de Françoise Audé, Caroline Helfter, Laurence Klejman, Monique Perrot-Lanaud.- Edition Nathan.


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