Rencontrer Daniel Passier, c’est toujours un moment de convivialité ! Qu’on le croise dans mon village natal, un point que nous avons en commun car Daniel a passé une partie de son enfance à Saint Louis de Montferrand ( il n’y est pas né comme moi), lui c’est à Pineuilh qu’il a vu le jour ! Où qu’on le visite à Fourques sur Garonne où il habite aujourd’hui, en compagnie de Liliane son épouse. Sa maison est nichée dans les bois non loin du canal du Midi si verdoyant, si propice à la rêverie, à la création. Son jardin vous emmène de charme en charme, d’un bassin romantique à une paillote où il convie ses amis les soirs d’été qu’on imagine bien agréables en cet endroit paisible ponctué ça et là de touches sculpturales et tout ça sont ses œuvres ; c’est le début des découvertes des talents de Daniel.
Près de la maison se trouve son atelier, véritable caverne d’Ali-Baba , recélant quantité de matériaux divers dont il est pratiquement impossible de deviner à quoi tout cela va lui servir : vieux outils, ustensiles ménagers ou bibelots passés de mode . Tout cela va prendre une autre voie, une autre vie, après le passage dans les mains et dans l’imaginaire de Daniel Passier. Lui-même je pense, à l’instar des écrivains qui découvrent leur personnage au fil des pages qu’ils écrivent, ne le sait qu’une fois sa création mise en route.
Donc l’atelier est un gardien d’objets en déclin, il en est le refuge , il leur donne droit d’asile ! Du vieux moulin à café à l’ouvre- boite de votre grand-mère, sans oublier louches, couverts, assiettes, ciseaux, clefs, crucifix, médailles. Daniel en fait des tableaux ! Ces objets vous les reconnaitrez, alignés sur les murs de sa maison, installés en rosace ou en ordre décroissant, devenus surréalistes ou plutôt rappel de la vacuité des choses, de leur déclin inéluctable et pourtant tellement plus fiables que nos destinées humaines : une petite cuillère met beaucoup plus de temps à devenir poussière que nous.
Mais ce n’est pas tout, après les tableaux, on découvre les maquettes, toute une pièce est consacrée aux pigeonniers miniatures mais reproduits avec la plus grande fidélité, jusqu’aux briquettes rouges de celui de Sigalens qui m’est connu. Ces derniers temps il a relié tableaux et maquettes dans des œuvres en 3D, on voit ainsi un pigeonnier sortir d’un tableau. Hommage qu’il rend à ce petit patrimoine avec une minutie d’horloger.
Mais ce n’est toujours pas tout ! Son talent de maquettiste lui est bien utile pour mettre en scène sa collection de petites voitures, là-aussi une pièce rien que pour elles, bien alignées rangées incluses dans des décors : villes ou gares ! On y trouve la Traction avant des années cinquante, celle de mon enfance et la DS du cousin Paul qui faisait tant d’effet lors de ses arrivées triomphantes au volant de la belle, la Dauphine aux airs Yéyés , la camionnette du marchand ambulant , le bus au museau pointu , le train que nous regardions passer aux abords de nos jardins d’antan, tout est là, tout un monde disparu recréé et offert aux visiteurs de Daniel Passier.
Un monde fantaisiste, pailleté d’enfance, né de la détermination d’un homme, de sa volonté de marquer son passage par ce cadeau aux autres.
Car Daniel revient de loin, tout d’abord une enfance bien problématique dont je ne parlerai pas ici ! Le manuscrit que j’ai lu en traite abondamment et comme j’espère qu’un jour il sera publié, je ne dévoilerai rien ! Puis de longs moments de maladie encore d’actualité durant lesquels dit-il « il a bien fallu que je m’occupe ! ».
On sort de cette visite comme après avoir fait les magasins de Noël ! Les chiens fidèles nous accompagnent. Je sais qu’à ma prochaine visite ou appel, à ma question :« comment-vas-tu Daniel ?», il répondra : « moi je vais bien très bien, j’ai commencé quelque chose qui devrait te plaire !
Lysiane Rolland