Combien de milliers sont-ils à reposer au fond de « la grande bleue » ? À avoir succombé sur le sable des déserts ?A avoir quitté leurs maisons souvent confortables, leur travail, leurs études, à laisser tout un pan de leur histoire de vie dans un pays à feu et à sang où la conjugaison d’une dictature sauvage et d’un fanatisme religieux barbare a engendré le chaos avec son cortège de bombardements de civils, de meurtres, viols, otages voués à l’esclavage, pillages, destruction massive d’un patrimoine multi millénaire, témoin de ce que fut l’Humanité…
Combien sont-ils à n’avoir plus comme liberté que celle de tout vendre pour confier leur vie à la cupidité de réseaux de passeurs en espérant retrouver en Europe un monde de paix !
Il a fallu le choc émotionnel de la photo d’un petit enfant, comme endormi, échoué sur une place, pour qu’enfin retentisse le poids des mots : humanité, solidarité, compassion, générosité, empathie et accueil…
Las, dans cette rumeur véhiculant de bons sentiments, le mot « accueil » est vite apparu comme de trop pour quelques pays de cette Europe si diversifiée. En France, même, glorifiée pour être celui des droits de l’homme, des voix se sont vite fait entendre pour s’élever contre « ce futur envahissement par des gens qui n’avaient comme objectifs que de bénéficier d’avantages sociaux, voire d’enlever le pain de la bouche des « vrais »Français, et qui plus est allaient mettre en péril la cohésion sociale et ce qui fait le socle de l’identité française (et européenne) la « culture chrétienne ».
Peut être faut-il rappeler à certaines « bonnes âmes » qu’en leur temps Joseph et Marie avec leur nouveau né Jésus, étaient sur les routes, réfugiés, fuyant la Palestine pour éviter le massacre des innocents, à la recherche d’un lieu plus sûr en Egypte alors terre d’asile pour les Palestiniens ! Leur faire souvenir quelques paroles de l’évangile « Aimez-vous les uns, les autres » ou encore « Tu aimeras ton prochain, comme toi-même », les inciter à suivre l’exhortation du Pape François « N’ayez pas peur », car effectivement le discours qu’ils tiennent s’appuie sur la pusillanimité, la couardise, la xénophobie, de ceux qui les écoutent et les croient !
Pour d’autres leur rappeler également que le peuple de France est composé en grande partie par une mosaïque de gens venus d’ailleurs, de tous temps ; une alchimie rare qui fait la richesse de notre pays et qui a contribué à ce qu’il soit : une terre de liberté, de libres pensées, d’inventivité, d’ouverture et que ces réfugiés, qui demandent asile, arrivent aussi avec leurs talents, leur savoir-faire, ce qui est également une richesse en devenir pour cette terre de France qui est aussi terre d’Europe !
Colette Lièvre.
La France, pays d’accueil ?
Posté le 18/09/2015 dans Edito.
Super! merci pour ces mots et bonne continuation!