La rue du Cul de plomb

Posté le 26/03/2016 dans Le feuilleton.

Chapitre 26.
Zélie, les cannes à pêche sur l’épaule, suit péniblement sa tante sur le chemin détrempé qui mène à la rivière. Le ciel est plombé, un brouillard givrant noie toute la campagne. De fines gouttelettes détrempent les cheveux de la gamine, se transformant rapidement en autant de petites perles de glace. Elle grelotte, a les doigts gourds, les pieds glacés d’autant plus que ses galoches à semelles de bois prennent l’eau, que son manteau, maintenant trop court, lui arrive au raz des fesses et ses chaussettes bien en dessous des genoux. Elle accélère autant pour se réchauffer que pour rattraper sa tante qui marche d’un pas vif et de temps en temps hurle : « Tu te dépêches ? » A la voir avec son manteau de fourrure en skuns d’où dépassent deux maigres guibolles chaussées d’une invraisemblable paire de croquenots, plus haut, la tête qui émerge, petite, enserrée dans un bonnet noir à pompons, tout à coup Zélie s’est mise à rire : sa tante ressemble à un gros insecte qui s’agite frénétiquement, « on dirait un gros hanneton » pense t-elle !
Dans l’instant, elles sont arrivées au bord de la rivière, « la tante-hanneton » cherche l’endroit où s’installer, poser son pliant, son sac à hameçon et appâts, ses cannes à pêche, presqu’un attirail de pro qui lui a été prêté. En fait c’est la première sortie de pêche d’Aimée et sa dernière lubie : aller à la pêche pour améliorer l’ordinaire alimentaire ! Zélie la regarde ouvrir une boite où grouille des asticots blancs. Après en avoir choisi un pour l’empaler sur l’hameçon, lancer d’un geste, qui se veut ample, sa ligne…qui s’accroche à une branche basse d’un arbre malencontreusement placé là. Rire de Zélie et fureur de sa tante qui tire frénétiquement sur sa canne pour dégager sa ligne ! Plus elle s’énerve, plus Zélie rit, d’un rire inextinguible, comme libérateur. Elle en a les larmes aux yeux et soudainement n’a plus froid.
Brutalement la ligne s’est cassée, il s’en est fallu de peu pour qu’Aimée ne perde l’équilibre et ne se retrouve sur le cul ! « Petite idiote, tu as fini de rire comme ça ? »
La petite idiote regarde ce visage si pâle, aux angles aigus, aux lèvres minces, aux yeux bleu-gris glacier, méchants, elle sait alors avec certitude que ce visage là, elle le déteste à jamais !
Tante Aimée alias « Ma…dame », alias « tante-hanneton », alias « visage pâle » s’est remise à l’ouvrage, a réussi cette fois à tremper sa ligne dans l’eau de la rivière. Zélie reste debout, rien n’a été prévu pour qu’elle puisse s’asseoir ; de temps en temps, elle saute d’un pied sur l’autre pour se réchauffer, ce qui lui vaut « Va sauter plus loin, les poissons n’aiment pas le bruit ! » mais apparemment les poissons n’aiment pas non plus les asticots.
De demi-heure en demi-heure, le temps s’effiloche, le bouchon rouge de la ligne saute au gré du rythme de la rivière et puis tout à coup il s’enfonce dans l’eau. « J’en ai ferré un, Zélie vite l’épuisette » Avec précaution Aimée amène la ligne, la sort de l’eau et frétillant désespérément apparait une ablette tout juste longue comme la main de Zélie ! « Enfin, le début d’une friture » s’est exclamée cette pêcheuse en eau douce, sauf que les demi- heures se sont prolongées et à l’exception de cette malheureuse ablette que Zélie avait regardé mourir alors qu’elle n’avait qu’un désir la remettre dans l’eau, sa tante est rentrée bredouille avec la gamine frigorifiée.
Madame Ledent les attendait, espérant, peut être, une pêche miraculeuse, mais en voyant Zélie trempée, claquant des dents elle s’est exclamée : « Mais cette enfant est gelée, pourvu qu’elle n’ait pas pris froid ! »– L’enfant assise sur la chaise, se courbe pour enlever ses galoches et brusquement s’écroule prise d’un malaise ! Elle a effectivement pris froid. Dans la nuit elle s’est mise à délirer, elle a plus de 40° de fièvre. Au matin, le médecin appelé d’urgence a diagnostiqué une bronchite avec un début de congestion pulmonaire, préconisé l’application de ventouses en alternance avec des sinapismes à la moutarde, des tisanes et si la fièvre ne descendait pas, déclaré qu’il faudrait envisager d’hospitaliser cette enfant qui de toutes façons avait besoin de repos et de se remplumer ! Toutes préconisations dites à l’attention de Madame Ledent comme s’il avait compris qu’elle seule pouvait s’occuper de la petite.
Apparemment cela arrangeait aussi Aimée qui n’a rien dit lorsqu’Oncle Alain a demandé à Madame Ledent si elle pouvait rester au chevet de Zélie, y compris la nuit… qu’on lui installerait un lit d’appoint. Ce qui fut fait et un protocole s’est établi.
Le matin Madame ledent lui posait des ventouses ; ces dernières laissant des traces circulaires rouges, bleues ou carrément noires, signes de leur efficacité, parait-il, sorte de mosaïque sur la peau si blanche de la fillette. Puis deux fois par jour c’était « le supplice » des sinapismes bouillants, à base de farine de moutarde, qui enveloppaient complètement le torse ; au bout de quelques séances ils avaient fini par lui bruler la peau !
Petit à petit la toux qui semblait venir du tréfonds et vouloir lui arracher les bronches s’est calmée, la fièvre a diminué, laissant Zélie épuisée, incapable de se tenir debout. Il lui a fallu encore quelques jours pour qu’elle puisse se lever quelques heures, une amorce de convalescence qui prendrait du temps, avait dit le médecin ; il était hors de question qu’elle retourne à l’école tant qu’elle ne serait pas vraiment sur pied et qu’elle n’aurait repris un peu de poids. .Et c’est ainsi que pendant plusieurs semaines Zélie est restée à faire ses devoirs à la maison, apportés chaque jour par sa tante qui faisait la liaison entre elle et sa maîtresse.
Quand elle avait vraiment émergée, elle avait été toute étonnée lorsqu’ oncle Alain lui avait dit que Noël était passé… le jour de l’an aussi ; elle ne pensait pas être restée aussi longtemps hors du temps. Depuis, l’hiver s’était bel et bien installé. Un hiver terrible avec des températures de moins 20°, des jours et des jours de gel successifs, un hiver qui en rajoutait aux affres de la guerre, à ses restrictions en électricité, en gaz, en bois de chauffage. La maison était glaciale, et l’essentiel de l’activité familiale se passait dans la cuisine, seul endroit où il faisait un peu chaud. Les autres pièces salon, salle à manger, bureau étaient fermées, volets clos ; heureusement que dans les chambres, sur les lits, il y avait les gros « plumons », ces édredons en plumes sous lesquels il faisait si bon se « canfougner » et qu’il était si douloureux de quitter le matin pour aller se laver à l’eau glacée dans une salle de bains qui ne l’était pas moins. A cause de ce froid Zélie passait le plus clair de son temps au lit, calée contre les oreillers, un bonnet sur la tête, une écharpe autour du cou, son lit était devenu son lieu à presque tout faire : ses devoirs, ses lectures, ses dessins et souvent ses repas. Madame Ledent apportait une tisane qu’elles buvaient en discutant. Elle lui rapportait des nouvelles de l’extérieur, lui racontait les galères de faire la queue avec un temps pareil, des anecdotes aussi, c’était un peu le monde qui entrait dans l’univers clos de Zélie. Le soir, c’était souvent son oncle qui venait la voir, lui demandait ce qu’elle avait lu, si elle ne s’ennuyait pas trop et une fois par semaine apportait le bol contenant le « lait de poule » chaud confectionné avec le jaune de l’œuf hebdomadaire auquel donnait droit sa carte de rationnement junior !
Fin février, Zélie est à nouveau sur le chemin de l’école. Il fait toujours aussi froid, mais le soleil pâle de l’hiver est de plus en plus présent. Il apporte un peu de chaleur qui fait fondre et s’égoutter les stalactites de glace qui ornent les gouttières des toits. Des paquets de neige glacée tombent des branches des arbres et s’écrasent sur le sol avec le fracas d’un bris de verre.
En classe elle a retrouvé sa place devant la maîtresse. Cette dernière est d’ailleurs très attentionnée pour elle et a décidé de lui faire récupérer le temps perdu. C’est pourquoi pendant les récréations, elle reste près de Zélie, qui de toute façon ne doit pas être trop exposée au froid comme l’a recommandé le docteur ; elle reste donc près de son élève et lui donne en quelque sorte des cours particuliers, ce que Zélie adore. Lorsqu’elle était encore malade celle-ci avait décidé qu’elle travaillerait tellement qu’elle finirait ce second trimestre parmi les premières de sa classe. Ne serait-ce que pour faire plaisir à son oncle, et démontrer à sa tante qu’elle n’était pas « la petite idiote » !
Depuis cette fameuse partie de pêche, leurs relations sont inexistantes. Un soir, où son oncle était venu la voir il lui avait demandé « Pourquoi tu n’aimes pas Aimée ? »-« Parce qu’elle ne m’aime pas… mais c’est normal c’est pas ma vraie tante ! »– Oncle Alain l’avait regardé et répondu « Oui, je comprends, mais que cela ne t’empêche pas de bien travailler, parce que tu es là pour ça ! »-« Alors, c’est comme si j’étais en pension ?-« Oui, c’est un peu ça ! » C’est à partir de ce moment là qu’elle avait décidé qu’elle serait parmi les meilleures élèves, et puis peut-être qu’alors elle retournerait auprès de Gilberte, sa mère, et de son Gamin !
Très vite elle avait récupéré le niveau de la classe et lorsque la maitresse a donné les résultats des diverses compositions à la fin de ce second trimestre elle s’est retrouvée seconde et a eu droit aux félicitations et aux commentaires acides de quelques élèves qui lui ont déclaré « …que c’était pas juste si elle était deuxième c’était parce qu’elle était la chouchou de la maîtresse et aussi parce que la directrice était sa tante !.. » Zélie se fiche de ce qu’elles racontent, bientôt elle ne sera plus là, enfin elle l’espère. Si elle continue à avoir de bons résultats jusqu’à la fin de l’année scolaire elle pourra rentrer chez elle, croit-elle ! Et puis ce soir quand elle montrera son carnet à son oncle elle sait qu’il sera content. Elle n’attend aucun compliment de sa tante, mais là aussi elle s’en fiche. Entre elle et elle, une sorte de modus vivendi s’est établi et Madame Ledent sert souvent d’intermédiaires entre elles !
Le mois d’avril est là, c’est aussi celui de Pâques et des vacances. Les prémices du printemps se font sentir ; les jours sont plus longs, les oiseaux pépient toute la journée, se chamaillent pour garder leur territoire, celui de leurs futures nichées. Dans leur quartier les chats sont sortis de leur léthargie hivernale, toujours aussi maigres, aussi chassieux mais bien vivants comme en témoignent les feulements qui se font écho au milieu des ruines.
Zélie soupire, elle n’a qu’une envie, courir, sauter, gambader, vivre aussi, mais elle sait qu’elle va devoir rester enfermée pendant les deux semaines de vacances avec comme seules sorties : accompagner Madame Ledent pour faire les courses et la queue. Si seulement elle avait une corde à sauter ! Si seulement…
Ce soir là, lorsque son oncle est arrivé la fillette lui a sauté au cou en criant : « je suis deuxième, je suis deuxième… » Il a ri, s’est courbé, la prise par la taille, la faite virevolter dans le couloir en chantant : « Félicitation Mam’zelle Zélie, et tout cela mérite récompense. »
Une récompense qui a pris la forme d’une corde à sauter avec l’autorisation d’aller l’après midi sur le trottoir devant la maison et puis en prime oncle Alain lui a promis de l’emmener un jour dans la gare où il travaille.
Ce jour là est arrivé. Zélie est dans le bureau de son oncle qui ressemble à une grande cage en verre, comme suspendue au faîte de la gare et à partir de laquelle on peut voir tout ce qui se passe au sol. Les énormes locomotives à vapeur qui halètent, crachent de la fumée, sifflent, ont le cœur qui bat. Les conducteurs si reconnaissables avec leur visage noir de suie et les cercles blancs autour des yeux lorsqu’ils enlèvent leurs lunettes de protection, les mécanos qui vérifient les machines, parcourent tout le long du train en tapant avec une sorte de baramine sur chaque roue et essieu. Il y a les trains qui arrivent , déchargent les voyageurs pressés sur les quais, à la recherche d’un porteur de bagages et ceux en partance qui engrangent des voyageurs que l’on devine inquiets de trouver leurs places dans un wagon de 1ère, 2ème ou 3ème classe. C’est selon, et tous sont sous l’œil suspicieux des patrouilles allemandes qui peuvent interpeler et demander à les suivre à qui bon leur semble !
Enfin, il y a les chefs de train qui claquent les portières avant le départ. Toute une humanité qui grouille, que Zélie connait pourtant bien, elle a déjà tellement pris le train, mais qui vue d’en haut lui parait si différente.
Après cette journée, elle reviendra souvent retrouver son oncle, pratiquement tous les jeudis puisqu’elle n’a pas classe. Peu à peu elle se familiarisera avec tous ces gens dont il a la responsabilité : les secrétaires , les mécanos, les contrôleurs et bien d’autres…elle se rend compte que son oncle est un homme important dans cette gare, quant à elle, elle a l’impression de faire un peu partie de ce monde, en fait, là, elle se sent bien !
Le temps étant chaque jour plus clément, la maison a retrouvé son entière utilité. Les pièces ont été rouvertes et les habitudes ont repris, Madame Ledent cantonnée dans sa cuisine et à son grand dépit Zélie a du reprendre, pour les repas, sa place dans la salle à manger en tête à tête avec sa tante. Celle-ci ne manque pas de lui répéter sans cesse, « de se tenir droite, de relever les épaules, de ne pas mettre ses coudes sur la table, de ne pas s’avachir sur sa chaise etc, etc ». Elle ne comprend pas que Zélie est fatigable et par conséquent très vite fatiguée. Les réflexions prédictives ne lui manquent pas non plus…Aimée lui annonce un avenir radieux de bossue, ou encore et mieux de tordue de haut en bas ; d’ailleurs n’a-t-elle pas déjà les genoux cagneux et bien d’autres imperfections que ne semblent pas remarquer son oncle qui l’appelle « sa petite princesse » ou encore « son petit page blond ». Par malchance il est si souvent absent au moment des repas !
Quelques jours après la rentrée des vacances de Pâques, un jeudi après midi, Zélie est dans la cuisine, nue, avec seulement sa petite culotte, en compagnie de sa tante et de Madame Ledent. Elle entend cette dernière s’exclamer « Que cette enfant est maigre ! » Il est vrai qu’elle a la poitrine creuse, les omoplates qui ressortent « en ailes d’ange » et que l’on peut compter ses côtes, avec toutefois comme tous les gosses malnutris, un ventre proéminent.
Sur l’injonction d’Aimée elle essaie de se tenir aussi droite que possible pendant que cette dernière lui mesure la colonne vertébrale. Puis Zélie se rhabille, ne pose pas de questions. Elle connait suffisamment bien sa tante maintenant pour savoir qu’elle a quelquefois des idées bizarres souvent éphémères, la pêche en est un bel exemple.
Le lendemain matin, avant de descendre pour le petit déjeuner, comme d’habitude, alors qu’elle venait de finir sa toilette, elle a vu arriver dans sa chambre Aimée flanquée de Madame Ledent. Sa tante lui a dit alors qu’elle avait eu l’intention de lui faire confectionner un corset « Pour qu’elle se tienne enfin bien droite » mais en cette période de guerre il n’y avait plus aucun corsetier sur Charleville. Par conséquent elle avait conçu un dispositif qui devrait faire l’affaire.
Zélie a tout de suite fait le rapprochement avec la séance de mesures de la veille. Elle est à nouveau nue, en petite culotte. Madame Ledent maintient le long de sa colonne vertébrale un bâton à sa mesure (plus tard elle verra qu’il s’agit d’un morceau de manche à balai) pendant que sa tante l’enveloppe comme une momie d’une bande Velpo si étroitement serrée qu’elle a du mal à respirer et qu’elle ressent, déjà, une douleur diffuse tout au long de sa colonne. La bande Velpo lui couvre non seulement le torse, mais se croise en bretelles sur ces épaules. Puis Aimée lui a dit d’aller s’habiller, de se dépêcher car elle risquait d’être en retard pour aller à l’école.
Seule dans sa chambre, Zélie a eu les larmes aux yeux ; des larmes d’impuissance, de rage, ainsi elle devait aller à l’école raide comme un pantin en bois, être la risée de toute la classe ; de colère aussi envers sa tante mais aussi envers Madame Ledent qui avait participé à cette honte alors qu’elle pensait qu’elle était son soutien, voire même plus …
Elle est descendue avec son cartable, a refusé de prendre son petit déjeuner, est partie sur le chemin de l’école sans attendre sa tante. En classe, elle a dit à sa maîtresse qu’elle ne voulait pas sortir en récréation parce qu’elle était fatiguée. Celle-ci lui a demandé si « elle n’allait pas être malade ? » Zélie a fait non de la tête « Je suis seulement fatiguée ! » Elle n’a pas bougé de sa place jusqu’à 11 heures 30. Elle a attendu que toutes les élèves soient sorties, puis elle s’est levée, a été jusqu’aux cabinets situés dans la cour. Là, elle s’est enfermée, s’est déshabillée et a commencé à essayer de se débarrasser de son carcan. En se contorsionnant elle a réussi à saisir le bâton à la base, et à le tirer entièrement. La bande Velpo relâchée, elle a pu attraper l’une des extrémités, en tirant dessus Zélie a eu l‘impression que c’était elle qui se détricotait et retrouvait sa liberté de respirer, d’être. Elle s’est rhabillée rapidement, elle avait froid ; elle a glissé le bâton, la bande dans son cartable et est allée jusqu’au quartier en ruines des chats et là, a tout jeté. C’est à ce moment là aussi qu’elle a décidé d’entrer en résistance et de ne plus jamais accepter l’inacceptable.
Elle n’a pas été jusqu’à la maison pour déjeuner. Elle ne voulait pas se trouver en face de Madame Ledent qui l’avait trahie et tant pis si celle-ci se faisait du souci en ne la voyant pas. Elle s’en fiche ! Bien que n’ayant pas mangé depuis la veille, elle n’a pas faim mais ce sent tout à coup si libre, si joyeuse qu’elle reprend le chemin de l’école en sautillant et en chantonnant. En arrivant dans la cour, elle a aperçue, de dos, sa tante, Madame la Directrice, en conversation avec sa maîtresse. Elle s’est à nouveau cachée dans les cabinets et a attendu que la cloche sonne pour rejoindre le rang de sa classe, au passage elle a déclaré à sa maîtresse, en lui faisant un grand sourire, qu’elle se sentait beaucoup mieux que le matin!
Par chance ce soir là Oncle Alain est rentré de bonne heure, il était donc à table pour le diner. Entre deux plats, Zélie lui a posé la question : «Oncle Alain, c’est vrai que les bossus portent bonheur ? » -« Il paraît ! Mais pourquoi tu me poses cette question ? »- « Et bien, peut être que quand je serai grande je serai bossue !-« En voilà une drôle d’idée, et pourquoi tu serais bossue ? »-« Et bien parce que je me tiens pas très droite ! »-« Mais, ma princesse, c’est seulement parce qu’en ce moment tu es un peu maigrichonne. Quand la guerre sera finie, parce qu’un jour elle finira, tu grandiras, et tu prendras du poids. En attendant tu n’as qu’à sauter à la corde, l’exercice c’est très bien pour le corps !».
(A suivre)


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