Le bonheur.

Posté le 09/04/2020 dans Edito.

A situation particulière votre petit Cahier,( confiné, comme il se doit) ne pouvait avoir un comportement habituel…chers lecteurs vous avez donc droit à un peu de lecture, cela n’a jamais fait de mal à personne, souvent d’ailleurs que du bien !

Le bonheur…

Ayant donc formé le projet de décrire l’état habituel de mon âme dans la plus étrange position où se puisse jamais trouver un mortel, je n’ai vu nulle manière plus simple et plus sûre d’exécuter cette entreprise, que de tenir un  registre fidèle de mes promenades solitaires et des rêveries qui les remplissent, quand je laisse ma tête entièrement libre et mes idées suivre leur pente sans résistance et sans gêne. Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée où je sois pleinement moi et à moi, sans diversion, sans obstacle, et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu.

Cette ressource dont je m’avisais trop tard, devint si féconde qu’elle suffit bientôt pour me dédommager de tout. L’habitude de rentrer en moi-même me fit perdre enfin le sentiment et presque le souvenir de mes maux. J’appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous, et qu’il ne dépend pas des hommes de rendre vraiment misérable celui qui sait vouloir être heureux.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Les rêveries du promeneur solitaire,II.ch.1,8.


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