Le 1er mars, le Salon de l’agriculture a fermé ses portes. La plus grande ferme de France a accueilli près de 700.000 visiteurs venus admirer les stars de l’élevage français, goûter aux produits labellisés made in France ; de quoi conforter l’excellence de la production hexagonale auprès du public.
Ce public de citadins venu respirer, le temps d’un salon, l’exhalation d’une campagne mythique aux émanations rémanentes qui le ramène à quelques racines paysannes ancestrales dont il a la nostalgie.
Ce salon c’est aussi l’occasion de décerner à quelques paysans de la terre, éleveurs ou encore transformateurs de produits, médailles, brevets de bonnes pratiques, tout comme l’Aquitaine a mis en valeur et récompensé « l’agro-biodiversité animale » portée par quelques éleveurs qui œuvrent pour la conservation de quelques races animales locales !
Félicité se dit que tout cela est bel et bien mais tout cet affichage n’est-il pas qu’un des aspects valorisant et valorisé auprès du public d’une agriculture rêvée pour occulter la triste réalité de l’autre face de l’agriculture intensive, celle des animaux élevés en batterie, shootés aux antibiotiques, abattus vite fait mal fait à la chaine, dépecés quelquefois encore vivants ? Des élevages de plus en plus industrialisés donc de plus en plus polluants. Des nitrates qui dégrade et infeste les nappes phréatiques, les eaux souterraines et côtières. « L’élevage n’est plus considéré que comme une industrie productiviste qui va de pair avec la concentration du marché entre les mains de quelques uns, au détriment des petits exploitants » (cf. Libération Week-end, samedi 7.03.2015 « Treize raisons de lâcher le steak barbare » par Isabelle Hanne et Christian Losson.) –
Ce qui explique aussi la triste réalité des dégâts collatéraux.
En France, le nombre de suicide des agriculteurs et plus particulièrement des éleveurs, est de 500 pour la seule année 2014, soit un tous les deux jours, en général, toujours pour les mêmes raisons : celles de ne plus pouvoir faire face à leur endettement, à ces engagements financiers qui les tiennent à la merci de ceux qui leur ont promis monts et merveilles . Cette face cachée et noire de ces fermes- usines triomphantes qui s’en émeut ? Certainement pas les financiers et investisseurs prédateurs qui sont à l’origine de ces projets qui envahissent de plus en plus l’ensemble de notre territoire. Il n’est que de consulter la liste des projets en cours dressée par la Confédération Paysanne et où l’on voit que même notre Aquitaine qui se targue d’excellence dans tous les domaines n’est pas oubliée.
Félicité s’interroge aussi sur la préservation et le maintien de nos magnifiques paysages campagnards qui doivent tant à l’agriculture et l’élevage traditionnels; de nos vaches paissant paisiblement dans des prairies aux verts chatoyants, éléments de ce décor incontournable. Tout cela remplacé par d’ hideux bâtiments, par des m2 d’épandage de tonnes de lisiers. Exit” le bonheur dans le pré”, salut la merde , ses effluves et son pouvoir destructeur des écosystèmes . Bonjour la rentabilité à court terme qui dépend du cours des marchés, de la politique internationale. Le bel exemple du moment: la mévente des porcs bretons qui ne peuvent plus s’exporter en Russie en raison des mesures de rétorsion décidées par les nations contre la politique du nouveau tsar. Apparemment cela ne sert aucunement de leçons si l’on en juge par les projets de fermes-usines en cours! Ce monde est devenu fou!
Félicité
L’industrialisation de l’agriculture en Régions (Source Confédération Paysanne . http://www.confederationpaysanne.fr)
En Aquitaine.
Lapouyade .(33)
8 has de tomates pour une production annuelle de 4000 tonnes.
Permis de construire accordé fin 2014
Travaux finalisés été 2015-03-01 Premiers plants attendus en novembre pour une récolte en février ! (Bonjour la tomate de saison !)
Acteurs : Union des paysans de Rougeline .
Financement : 10 millions d’euros pour les serres, 5 millions d’euros pour le système de chauffage fourni par une unité de biogaz issu d’un site d’enfouissement de déchets ultimes Veolia.
Saint Symphorien (33)
11000 porcs
Projet d’extension d’un élevage de porcs de 7000 à 11000 places
Surfaces d’épandage de lisiers nécessaires environ 1000 has (Bonjour l’environnement !)
Acteurs : S A S Le Lay
Enquête publique défavorable en mars 2014. En attente de décision préfectorale
Parentis (60)
10 has de tomates hors sol- Production annuelle 5000 tonnes de tomates.Chaleur produite par chaudière à bois (8500 tonnes bois/an)
Acteurs : Les paysans de Rougeline.
Investissement de 8 millions d’euros pour les serres et 40% de financement par l’ADEME pour la chaudière à bois.
En Pyrénées Atlantiques :
Espelette.(64)
3000 brebis laitières et 300 chèvres
Acteurs : EARL KUKULU
En activité !
En Midi Pyrénées
Lannepax (32)
115.000 poulets en permanence – Elevage de 725.000 poulets par an !
Acteurs : Issu d’un appel à projet de la coopérative Vivadour qui annonce aux candidats qu’une fois les emprunts remboursés, l’exploitant n’aura plus qu’à travailler deux heures par jour pour un revenu net de 1700 euros jour ! (ou l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes !)
En activité depuis fin 2013…Annulation de l’autorisation d’exploiter par le Tribunal administratif fin 2014. Début2015, le préfet du Gers maintien l’activité du poulailler pour deux mois (ben voyons… !)
Financement : 900.000 euros prêtés par Vivadour
Opposants : « Bien Vivre dans le Gers »- Collectif regroupant 17 associations dont la Confédération paysanne.
Saint –Elix-Theux (32)
Mêmes composantes que l’élevage de Lannepax.
En activité depuis fin 2013
Même financement : 900.000 euros prêtés par Vivadour et mêmes opposants.
En Limousin
La Courtine (23)
1000 taurillons en centre d’engraissement sur le plateau de Millevaches (1400 jeunes bovins par an) Projet de panneaux photovoltaïques et méthaniseur.
Acteurs : S.A.S Alliance Millevaches et S.V.A Jean Rozé (filiale d’Intermarché)
Mise en activité au printemps 2015
Financement : cout du projet 1,4 millions d’euros dont 75% financé par des fonds publics (Etat, Région, Département, Cté de communes ! (Bonjour nos impôts !)
Enjeux sociaux, environnementaux, sanitaires : 3 emplois créés et éleveurs sous contrat de la SVA Jean Rozé. Adossé à la production d’énergie, ce projet va tirer les prix à la baisse, pénalisant ainsi les autres éleveurs !
15.000 tonnes annuelles d’effluents d’élevage plus 18.000 tonnes de déchets (dont déchets abattoirs pour le méthaniseur !)
Projet en plein cœur du Parc National des Millevaches et pour faire bonne mesure bilan carbone catastrophique : les taurillons voyageront jusqu’à Rennes pour y être découpés et ensuite envoyés au Maghreb.
Opposants : Collectif « 1000 voix-NOVISSEN Creuse « et Confédération paysanne du Limousin.
En Poitou Charentes
Echillais (17)
25 has de serres de tomates hors sol chauffées avec la chaleur émise par un méga incinérateur
Production : journalière : 50 tonnes – annuelle : 9000 tonnes !
Acteurs : le SIL (Syndicat Intercommunautaire du littoral) soit la réunion de 5 communautés de communes.
Incinérateur construit par VINCI pour le compte du SIL
Entreprise de BTP : Société hollandaise Aet G Van den Bosch, adossé au Groupe Greenery, multinationale néerlandaise de fruits et légumes frais (CA 1,5 milliards d’euros)
Avancement : 810 observations défavorables lors de l’enquête publique contre 6 favorables ! Le commissaire enquêteur rend un avis positif !!! (Encore un qui sait compter !)
Feu vert pour la construction de l’incinérateur en septembre 2014 mais occupation en cours par une trentaine de Zadistes.
Financement : 100 millions d’euros pour l’incinérateur avec fonds publics. (Il paraît qu’il faut rembourser la dette publique !)
27 millions d’euros pour les serres.
Enjeux sociaux, environnementaux, sanitaires : Risques importants de rejets de dioxines, particules fines, métaux lourds et perturbateurs endocriniens dans les zones environnantes. Problématique de la gestion des rejets de produits phytosanitaires. Inquiétude pour l’activité ostréicole et mytilicole proche.
Opposants : Pays Rochefortais alerte (1000 adhérents) ATTAC, Confédération paysanne.
Pamproux.(79)
1,2 millions de volailles dont plus de 600.000 poules pondeuses et 600.000 poulettes, soit 700 millions d’œufs commercialisés par an. Préparation de 13000 tonnes d’ovoproduits pour l’industrie agro-alimentaire.
2600 has de productions céréalières.
CA 64.millions d’euros
Acteur : Pampr’œuf
En activité.
Luzay (79)
Usine à porcelets : projet de maternité de 1000 truies pour 25.000 porcelets par an
Acteurs : SCEA le Micha, 6 éleveurs associés
Dossier accepté par la préfète en novembre 2011. Procédure actuellement en cours au Tribunal Administratif !
Financement : 4 millions d’euros
Opposants : Association Bon Vent.
Coussay-les-Bois (86)
Projet d’engraissement de 1200 taurillons dans 10.000 m2 de bâtiments avec panneaux photovoltaïques.
Acteur : Pierre Liot, éleveur et dirigeant d’une usine d’alimentation animale
Demande de permis de construire : rejeté par le maire de la commune, dossier entre les mains de la Direction Départementale des territoires (DDT)
Opposants : ASPECT (association de sauvegarde et de la protection de l’environneent de Coussay-les-Bois et de sa région thermale) Confédération paysanne.
Pays de la Loire
Poiroux (85)
Usine à porcelets soit maternité industrielle de 900 truies pour 23.000 porcelets par an.
Acteurs : Sofiprotéol via la filiale SCEA Kerloann apporteur de capital et de garanties bancaires. A déjà trois exploitations agricoles en Vendée, Charente Maritime, Finistère plus une société spécialisée dans la production d’électricité.
Avancement : refus d’autorisation d’exploiter par le préfet en 2010. Décision cassée par le Tribunal administratif en 2013, puis autorisation d’exploiter par le préfet !
Recours des opposants en cours. Début des travaux prévus pour mi-février 2015.
Investissement : 2,3 millions d’euros.
Enjeux sociaux, environnementaux, sanitaires : 4 emplois fluctuants par rapport à la moyenne des naisseurs porcins. Chaine de production entièrement robotisée.
5 millions de litres de lisiers + 7 tonnes d’ammoniac, zone d’épandage 200 has sur 3 communes (bonjour l’odeur !) 7 sources concernées qui se jettent dans 2 bassins ostréicoles et mytilicoles avec risques d’algues vertes aux Sables d’Olonne et 60 emplois de paysans de la mer menacés.
Opposants : Collectif composé d’Avigen, la Feve et Terres et rivières. Confédération paysanne, ATTAC.
Mais c’est ma photo, avec la vache et le veau de Juillac !!!!
Amicalement
Sylvie
Et bien Sylvie c’est aussi une photo de Colette Lièvre faite au cours d’une randonnée où vous deviez être. Amicalement CL