Depuis le ler juillet « …tout conducteur d’un véhicule à moteur, à l’exclusion d’un cyclomoteur, doit justifier de la possession d’un éthylotest non usagé disponible immédiatement… »

On l’ignore souvent mais la présence d’éthylotest dans la voiture est prévue par la loi depuis 1970, simplement il semble bien qu’elle n’était pas applicable, vraisemblablement parce que  le décret d’application n’avait pas été pris, et vraisemblablement aussi nos élus de tous bords s’étaient empressés d’oublier ce texte réglementaire pour ne pas s’attirer les foudres de leur très cher électorat. Depuis 42 ans sont passés, le gouvernement Sarko s’en est venu, Monsieur Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, soucieux de prévention, a fait paraître le 25 février 2012 le décret n° 2012-284, qui précise également qu’à partir du ler novembre 2012, le défaut d’éthylotest constaté sera sanctionné d’une amende de 17 euros. Soit !Ce que le décret omet de mentionner c’est qu’en fait l’automobiliste devra avoir en permanence deux éthylotests en état de fonctionnement. L’un à utiliser pour tester son taux éventuel d’alcoolémie avant de prendre sa voiture, et l’autre pour prouver à la maréchaussée, s’il y a un contrôle, que l’on est bien respectueux de la loi. Ce même automobiliste bon citoyen aura à cœur de remplacer le plus rapidement possible l’éthylotest usagé, c’est-à-dire chaque fois qu’il aura ressenti le besoin de tester son taux d’alcoolémie.

S’il n’a pas eu à en faire l’usage, cet automobiliste devra prendre garde à la date de préemption de l’objet indiquée par le fabricant, qui est de 12 à 18 mois. Enfin l’éthylotest étant une petite chose très sensible à la chaleur, faudra t-il lui prévoir un étui isotherme pour le protéger et lui permettre de résister aux températures estivales, particulièrement élevées dans nos régions, surtout si le véhicule reste en stationnement de longue durée ?.

Bref cette nouvelle réglementation du code de la route risque d’être en fin de compte, budgétivore pour l’usager de la route et une manne financière pour le grand gagnant qu’est le fabricant « Contralco », qui a le quasi monopole du marché en France, puisqu’il détient 90% de part de marché ! C’est la seule entreprise française à produire et vendre des éthylotests électroniques ou à usage unique.[1]  Avec 36 millions d’automobiles, un à deux millions de deux-roues, plus un certain nombre de milliers de tracteurs, à équiper, à 1€ le prix moyen de l’éthylotest, cela représente un joli chiffre d’affaires assuré, garanti et permanent, le marché étant captif puisque obligatoire !

On devrait s’en réjouir compte tenu du marché actuel du travail voilà au moins une soixantaine de salariés qui ne sont pas près d’en manquer ; on devrait s’en réjouir même si l’on déplore que dans le cas présent l’automobiliste lambda est considéré de facto comme un délinquant potentiel car accro à la bouteille et non comme une personne responsable; on devrait s’en réjouir si l’affaire  était aussi claire que de l’eau de roche et ne présentait pas quelque fond vaseux…Monsieur Eric Condesse ,le président de l’entreprise Contralco qui a réalisé en 2008, un chiffre d’affaires de 5.700.000 euros en vendant, déjà, 13 millions d’ethylotest, tient à préciser que la Police et la gendarmerie, dont la société est fournisseur officiel, ne représentant que 35% de son activité, alors que les ventes au grand public stagnent à 25%, et par conséquent, déclare -t’il  « Nous voulons provoquer la demande, avec de nouvelles façons de travailler le produit » et pour ce faire une association à but non lucratif I.test a été créée en juillet 2011, et dont l’objet statutaire est : « …agir en faveur du développement des systèmes et dépistages d’alcool, à toutes heures et en tous lieux et…apporter une expertise technique au service des institutions et associations de prévention  en formulant des propositions d’évolutions réglementaires et législatives pour le développement des addictions liées à la consommation abusive d’alcool… » et si les membres de l’association sont bénévoles ils ne sont pas pour autant désintéressés aux résultats puisqu’ils font tous partie d’entreprises qui produisent ou vendent des éthylotests chimiques ou électroniques ! Ainsi le président est Monsieur Daniel Orgeval, membre du comité de certification NF éthylotests et chargé de mission de l’entreprise Contralco ! Le PDG de l’entreprise déclarant par ailleurs travailler « …avec des députés pour voir comment l’éthylotest pourrait être considéré comme un produit de prévention et se voir appliquer un taux de TVA à 5,5%… »-

Félicité se dit, (mais chacun sait que l’esprit malin l’habite), que voilà du lobbying bien mené et qu’heureusement, il y a des gens dévoués, comme Monsieur Condesse, pour s’occuper de la sensibilisation et de la formation de nos élus, dont certains ne dédaignent pas les occasions d’inaugurer, de couper les rubans, de présider les banquets républicains, autant de façons de rendre grâce à nos fleurons de la viticulture , tel qu’en Gironde ou récemment à Bordeaux, la fête du vin a réuni quelques 500.000 personnes. Félicité se demande, si la société Contralco avait, pour cette occasion, pris un stand pour faire la promotion de ses éthylotests !

Félicité.

Repères.

Les membres de l’association I.Test.

Le bureau. Président : Daniel Orgeval, membre du comité de certification NF Ethylotests, chargé de mission de l’entreprise Contralco.

Vice-Président : Stéphane Vialettes, expert technique en matériel de sécurité routière, alcool et drogues, mais également Directeur Général de l’entreprise Alcolock France, producteur d’éthylomètres homologués et d’éthylotests normés et certifiés.

Vice-Président : Bertrand Jermann, Président de l’entreprise Ethylo, producteur de systèmes de dépistage d’alcoolémie normés et certifiés.

Vice-président : Pierre Elefteriou, membre du Comité de certification NF éthylotests, Expert du CEN éthylotests (comité européen,) Président de l’entreprise Pelimex, Importateur d’éthylotests normés et certifiés.

Trésorier : Patrick Deprez, Président de l’entreprise Objectif prévention, importateur d’éthylotests normés et certifiés.

Les membres adhérents.(actifs et suppléants)

MMrs. Heinesch Claude – Vice – président du Directoire de l’entreprise Dräger . Hetzel Bernard-Président du Directoire de l’entreprise Dräger France SAS.- Haeberlé Luc, Directeur commercial et marketing de l’entreprise Dräger France Sasa.- Marchandise Jean-Pierre,  Directeur commercial de l’entreprise Alcolock.- Antoine Guy Directeur général délégué de l’entreprise Ethylo.- Chackir Jean, Gérant de l’entreprise Alcoroute AJC Media.- Contesse Eric, Président directeur général de l’entreprise Contralco.- Gomeau Félix, Chef de l’entreprise ACS Corps(Canada) dont Alcolock est une des filiale.- Grand d’Esnon Thomas, Chef de projet EAD au sein de l’entreprise Mercura.- Charruault Christophe, Responsable marketing au sein de l’entreprise Mercura.– Benezeth Dominique Responsable Forces de l’Ordre et chargé de Mission régional pour Contralco.

] Sources : «  Le magazine d’actualité de l’équipement moto et scooter »du 10.07.2012.