Une fois de plus le financement des futures retraites est à l’ordre du jour. Casse-tête total pour ceux qui nous gouvernent. Chacun y va de sa petite recette : potion magique et amère, remède de cheval pour combler des caisses de plus en plus sous perfusion, avec en toile de fond toujours le même refrain : les Français vivent de plus en plus longtemps, il serait donc normal que ces derniers cotisent plus longtemps !
Soit ! Il est vrai que l’on vit de plus en plus vieux (les centenaires ne sont plus des curiosités). On oublie d’ajouter que l’on est vieux de plus en plus tôt. Surtout en France qui peut s’enorgueillir, une fois encore, d’une exception culturelle au sein de l’Europe. Passé le cap de la cinquantaine le monde de l’économie ne se prive pas de dire aux quinquagénaires : qu’ils sont has been, plus bons à rien, à dégager, seulement bons à aller pointer à pôle emploi jusqu’à l’épuisement de leurs droits de chômeurs, relayés ensuite par le R S A en attendant que leur retraite prenne le relais.
Mais quelle retraite ? Félicité pense que l’on vit dans une société de plus en plus schizophrène. Retarder l’âge de la retraite alors que la moyenne d’âge d’entrée sur le marché du travail est de 25 ans, alors que l’on vous jette hors de ce même marché à 50 ans. Comment cotiser 42 ans voire plus pour avoir une retraite décente ?
Félicité pense qu’il n’est pas besoin de sortir de l’E N A ou de polytechnique pour comprendre qu’entre les grandes théories et la réalité, il y a plus qu’une incompréhension ou un malentendu.
Pour essayer de pallier ce désastre, autant se faire que peut, le statut d’auto- entrepreneur a été inventé. A ce jour, ils sont quelques 900.000 à avoir décidé de créer leur emploi pour ne pas rester les bras ballants, à la charge de cette société qui, paraît-il, n’avait plus besoin d’eux. Les auto entrepreneurs, s’ils ne roulent pas sur l’or, n’en cotisent pas moins à la sécu, à la caisse de retraite, et ont retrouvé un sens à leur vie, ce qui est loin d’être négligeable.
Tout semblait aller pour le mieux, si la corporation des artisans, tous métiers confondus, n’avait tout à coup sonné l’hallali. Criant au scandale, à la concurrence déloyale ; lançant pétitions sur le net, alertant les chambres de métiers, sommant les élus locaux de prendre parti pour leurs justes récriminations. L’affaire fut vite entendue. Les élections sont proches : les artisans : combien de divisions d’électeurs ? Bref, le statut d’auto entrepreneur fait actuellement l’objet de réflexions pour le vider d’une partie de son intérêt.
Félicité, qui n’est ni auto entrepreneur, mais en connaît ; ni artisan, mais en connaît également, Félicité, en son for intérieur, soliloque. Elle se souvient que lorsqu’elle a eu quelques petits travaux à faire réaliser, elle était bien heureuse de trouver un auto entrepreneur pour pallier la carence des artisans qui refusaient le boulot au prétexte qu’il était sans intérêt. Ce sont souvent les mêmes qui, daignant se déplacer pour un chantier plus important, demandent s’il sera possible de leur régler 50% du devis au « black » et qui débarquent ensuite avec des ouvriers turcs ou au fort accent de l’Europe de l’Est, de braves types consciencieux et pas regardant sur les conditions de travail !
Trop belle la vie ! Pas étonnant que l’on vive si vieux !
Félicité
Merci Félicité, je pense aussi que nous marchons sur la tête. Mais il a toujours des personnes qui veulent le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière!