Il y a quelques jours les producteurs de lait, porcs et autres , une fois de plus, ont quitté leurs campagnes, envahi les villes avec leurs tracteurs, paille et fumier déversés sur le pavé des préfectures pour dire leur raz le bol de travailler non plus pour vivre mais pour mourir à petit feu. Étranglés par la grande distribution, plus soucieuse de sa pub sur les prix bas, en essorant ses fournisseurs plutôt que de réduire ses marges. Cette même grande distribution détruisant chaque jour des tonnes de produits alimentaires encore consommables plutôt que d’en faire don aux associations caritatives. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui ont, enfin, réussi, récemment, à faire passer une loi interdisant dorénavant cette pratique. Ce monde est insensé !
C’est le temps des migrations vacancières. Les « nantis » européens descendent vers le sud pour se ressourcer ! Ils ont toutes les chances de côtoyer sur les plages ces malheureux migrants qui survivent dans des conditions extrêmes en attendant un hypothétique permis de séjour dans un pays européen. Les Français qui auront choisi la Grèce en si grande déconfiture, (peut – être par solidarité), découvriront, peut-être aussi, qu’il y a 15.000 Syriens réfugiés qui dorment dans les rues d’Athènes. Quant à la France, Pays des droits de l’Homme, terre d’accueil, elle ergote pour finir par accepter, du bout des lèvres, de recevoir, 60.000 migrants sur deux ans ! Ce monde est insensé.
Pendant ce temps là nos têtes bien pensantes, intellectuelles ou politiques ratiocinent sur l’Identité française, la mienne, la vôtre, la nôtre, avec en liminaires le rappel de quelques valeurs qui leur paraissent essentielles sur la couleur, l’origine, la religion… et qui rappellent ces années funestes que l’on croyait révolues pour toujours.
Ils oublient qu’il n’est qu’une identité qui vaille celle à laquelle nous appartenons tous, celle de la nature humaine. Oui nous sommes tous humains et nous vivons tous sur cette terre, « notre maison commune », comme le rappelle le pape François dans son encyclique « Laudato si’ », qui par nos soins est maintenant si malmenée, à tel point que certains scientifiques anticipent, déjà, la fin de l’humanité, ce qui aurait comme effet bénéfique de réconcilier tout le monde !
A moins que devant l’urgence, ce monde insensé retrouve le bon sens , engage un changement radical de style de vie, de production, de consommation ; que la devise de notre République : liberté, égalité, fraternité, ne restent pas figée au fronton de nos édifices publics. Bref, y’a du boulot en perspective!
Colette Lièvre.