.Les petits livres des Vieux tiroirs.
Le grand intérêt des salons du livre c’est que l’on est certain d’y rencontrer , en parcourant les allées, des éditeurs venus d’ailleurs, loin des sentiers battus. Souvent dits éditeurs régionaux, car effectivement installés au vert, ou dans ces villes de provinces loin de Paris ou des grandes métropoles, ces éditeurs donc, présentent à l’amateur de livres (celui qui les aime pour la lecture, mais aussi pour ce qu’ils sont : des objets quelquefois rares), de petites pépites que l’on ne saurait trouver ailleurs. Il faut quelquefois aller les chercher dans les coins des allées, là où le public se fait plus rare car il a déjà mal aux pieds, là où vraisemblablement les places de stands sont moins chères, car nos éditeurs dits régionaux ne roulent jamais sur l’or. Lors du dernier Salon de Bordeaux, après avoir fendu la cohue qui se pressait pour avoir une dédicace des derniers auteurs les plus médiatisés, et, recherché un peu plus de tranquillité pour simplement voir ce qu’il y avait à voir, vos petits Cahiers sont tombés en arrêt devant une collection de ravissants petits livres, œuvres des Editions Les Vieux Tiroirs, sis au Bourg de Villeneuve d’Allier dans le 43.
Ces livres se tiennent bien en main tels des missels dont ils ont le format, la couverture rigide, et par conséquent que l’on peut emporter partout avec soi pour lire non pas des psaumes mais quelques anecdotes, ou petites histoires savoureuses largement illustrées de reproductions de gravures ou tableaux anciens qui rajoutent à leur charme désuet. Celui qui a une passion pour la langue française se réjouira en lisant « Petit Manuel des Fantaisies du langage destiné aux infatigables bavards » Celui qui entend briller en société pourra toujours au détour d’une conversation, faire le savant en se référant aux « Petites Enigmes et grands Mystères de l’Histoire de France » à moins qu’il ne s’essaie à « L’Argot ou l’art de Parler canaille » ce qui n’est pas chose si aisée, si l’on en juge par le texte qui suit , reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur :
Même pas peur ! Réponse à la lettre du vol du prêtre.
« Nous voulons bien maquiller le suage de ton rochet, l’ouvrage nous paraît bon ; mais nous ne pouvons le maquiller qu’à la condition de tout connir : il n’y a que les refroidis qui ne rapliquent nibergue, en goupinant de cette sorte les parains seront estourbis ; il sera donc impossible de jamais être marons. Si tu consens à nous laisser rebâtir le ratichon et sa larbine, nous irons pioncer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique de la daronne du mec des mecs ; nous ne voulons enquiller chez aucun tapissier, c’est se mettre sur les fonds du baptême : voilà notre dernier mot. Nous attendons ta salade. »
Traduction :
« Nous voulons bien faire le chauffage de ton prêtre, l’affaire nous paraît bonne ; mais nous ne pouvons l’entreprendre qu’à la condition de tout tuer : il n’y a que les morts qui ne parlent pas. En procédant de la sorte et les témoins morts, il sera impossible que jamais nous soyons inquiétés. Si tu consens à nous laisser tuer le prêtre et sa servante nous irons coucher dans le bois du seigneur de ton village, à cinquante pas de l’église de la vierge Marie : nous ne voulons entrer dans aucune auberge, c’est le moyen de se mettre dans l’embarras : voilà notre dernier mot. Nous attendons ta réponse »
Lettre en argot et sa traduction extraite de : Les voleurs : physionomie de leurs mœurs et de leur langage par Eugène- François Vidocq.
Avec l’aimable autorisation de léditeur, extrait du « Petit Manuel de l’Argot ou l’Art de Parler Canaille, à la découverte de la langue verte » Textes et iconographie de Delphine Dupuis Publié par les Editions Les Vieux Tiroirs collection Bibliothèque amusante et instructive à l’image des curieux. Le Bourg.43380 Villeneuve d’Allier. Site Internet : www.lesvieuxtiroirs.com