Loïc Le Loët, regard sensible.

Posté le 13/01/2013 dans Les Gens d’ici.

Loïc Le Loet, regard sensible.

Un jour, il a quitté la grande ville. Il s’est installé à Rions, ce petit village fortifié, dont il avait fait la connaissance lors d’un reportage photos sur l’un des premiers Festivals de Rues, pour le journal Sud Ouest, il y a déjà quelques années. C’est en avril dernier, qu’il a changé de lieu, quittant les rumeurs urbaines pour les silences et les bruits singuliers de la Garonne : clapotis de l’eau si ténus mais aussi bruit de cavalerie du Mascaret qui régulièrement défie le courant descendant et semble vouloir remonter aux sources mêmes du fleuve.

Depuis qu’il est là, il photographie la Garonne jour après jour, captant les lumières du matin, de midi, du soir, changeantes selon les saisons : éclatantes, ténues, tamisées par les brouillards ambiants ; figeant les reflets de l‘eau au gré des flux et reflux des marées, cueillant au passage, avec son objectif, toute la végétation qui s’épanouit grâce à la vase nourricière des bords du fleuve.  Cette Garonne, qu’il croit posséder et dont il fige tous les instants en la photographiant, l’a, en fait, pris en otage. Peut-être a –t-elle reconnu en lui, un de ces êtres qui ne peuvent vivre qu’à proximité des éléments liquides. Il a beau être né en Gironde, d’un père marin au long cours, auquel il doit son prénom et son patronyme si bretons, il se sent effectivement Breton au plus profond de lui-même.

Le regard de ses yeux clairs a toujours l’air de se porter vers un ailleurs, détaché de ce qui l’entoure. Ce quotidien trivial, celui qui fait courir une bonne partie de l’humanité, ne le concerne pas !  Ce quotidien semble filtré au tamis de son imaginaire ; dans la vision qu’il transmet par son art photographique comme un écho, quelquefois dérangeant, sur des lieux particuliers de notre monde comme ceux des enfermements, de la vie de ces vieux émigrés qui ont servi la France en tant que combattants…

Il a été photographier les asiles psychiatriques de Roumanie ; une sorte de descente en enfer, dont il lui a fallu cinq ans pour s’en remettre. C’était en 1998. En 2001-2002, il était en Palestine, témoin de la colère d’un peuple manifestant pierres en mains, contre les territoires occupés. Puis il est parti en Georgie, attiré qu’il est par les pays de l’Est, pourtant si loin de l’océan, de ses tempêtes et embruns. Plus tard, il sera l’un des premiers à s’intéresser au Cimetière des Oubliés de Cadillac sur Garonne.

Mais aujourd’hui il est tout entier pris par son projet « Garonne » qui doit se traduire par un livre d’images assorties de textes émanant d’un atelier d’écriture.[1] Ce dernier, piloté par Allain Glycos, sera mené  au sein d’une prison. Les prisonniers volontaires, impliqués dans ce projet original, écriront des textes inspirés d’une légende concernant la Garonne.

Notre photographe breton aux yeux si clairs, aujourd’hui dans la cinquantaine, a été saisi par la photo il y a environ 25 ans. Rien ne le destinait à être un jour photographe – auteur. Il avait commencé dans la vie à travailler dès l’âge de 17 ans : petits boulots dans une boite de nuit, sur le port avec son père revenu à quai, semble t-il…puis salarié chez IBM à Cestas, jusqu’au jour où il y a eu une prémonition, comme un appel venu d’ailleurs qui lui disait que s’il continuait à vivre cette vie, il finirait par la perdre.

Il sentait en lui comme un « élan spontané » vers la photographie. Il a donc demandé et obtenu un congé de formation, est parti étudier à l’école de photographie de Toulouse. A son retour, il a donné sa démission, est monté à Paris où il a travaillé chez Picto, le ler laboratoire professionnel créé après la dernière guerre, de notoriété internationale et où les plus grands photographes venaient faire développer leurs tirages. Resté là pendant trois ans, il a beaucoup appris à leur contact. Revenu dans ce Sud Ouest il a œuvré alors pour le grand quotidien régional(de 1992 à 2006) où en tant que photographe de presse, il a touché à tous les sujets culturels, sportifs, politiques, faits divers ; a été aussi reporter- photo pour des magazines étrangers tel le Daily Mirror ; fait des recherches personnelles en tant qu’auteur- photographe ce qui lui permet d’exposer régulièrement ses œuvres, comme en témoigne un palmarès impressionnant, ce qui lui vaut aussi d’être distribué par la célèbre agence VU.

Sa prochaine exposition, à ne pas rater, aura lieu du ler février au 31 mars à Saint-Macaire. Le vernissage est prévu le vendredi 5 février

à 19 heures, vous rencontrerez alors l’auteur :

Loïc Le Loet.

Si vous ne pouvez venir, vous pourrez toujours retrouver l’auteur sur son site Internet : www.loïcleloët

Courriel :

Repères :

Exposition à Saint Macaire aura lieu chez Simone et les  Mauhargats

(centre bourg historique) du6février au 31 mars 2013 –o

Ouverture tous les jours de 10,30h à 12,30 h – sauf les dimanches et samedis de 14,30h à 19h.  Vernissage le vendredi 1er février à 19 heures.

Crédit photographique de cet article : Loïc Le Loët.

 



[1] Ce livre sera édité par la maison d’édition « La Part des Anges »  qui s’est fait une spécialité des livres rares, de grande facture.


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