Moins 6 centimes !

Posté le 08/09/2012 dans Environnement.

Pour moins de six centimes sur le prix du litre de carburant, pendant trois mois, la grogne ambiante s’est tue, oubliée pour un temps court, l’augmentation brutale de l’énergie.

Dans les hautes sphères , nos têtes pensantes semblent découvrir tout à coup ce qui arrive aujourd’hui, pourtant prévisible depuis déjà longtemps. et qui ne sont que les prémices de ce qui nous attend. Ne nous leurrons pas, demain sera pire qu’aujourd’hui, ce que se garde bien de dire les acteurs politiques et décisionnaires,surtout, n’affoler personne, et après nous le déluge! Cette politique de l’autruche ne changera rien à l’inéluctable , nous sommes entrés dans une nouvelle phase du devenir de l’humanité : le monde de demain ne ressemblera pas à celui d’aujourd’hui, tout comme le monde du XIXème siècle, avec la révolution industrielle, avait enterré celui des siècles précédents!

Difficile d’envisager ne plus avoir d’énergie, et pour chacun, ne plus avoir de carburant pour se déplacer alors que tout  notre mode de vie est “auto-centré” C’est cette auto qui a fini par tout conditionner: nos modes d’habitat, de consommation, de loisirs et naturellement d’aménagements du territoire uniquement pensés en fonction de la voiture et générant le développement du péri-urbain, de la désertification des espaces ruraux, phagocytant nos vies mêmes puisque sans voiture impossible d’aller travailler, de se nourrir, se divertir etc…si l’on habite pas en centre ville ,près de son lieu de travail. État de faits d’autant plus aggravé en France ( si l’on compare sa situation par rapport à celles des pays de l’Europe du Nord) que toutes les politiques publiques, depuis la fin de la guerre, ont été orientées sur toujours plus de transport par la route que ce soit les humains ou les marchandises.

Le 7 février dernier, Le Centre d’Analyses stratégiques ou C A S  a rendu public le fruit de ses études et analyses pendant plus d’un an,  ce qui s’est traduit par un rapport intitulé  ” Les nouvelles mobilités dans les territoires péri-urbains et ruraux” , où l’on trouve des modalités d’actions “conciliant l’environnement et la mobilité pour tous et tenant compte du prix de l’énergie” S’ensuit toute une série de préconisations dont l’objectif principal est une recommandation consistant à informer l’usager en temps réel afin qu’il puisse s’organiser au mieux pour se déplacer en combinant : transport collectif et individuel dont la marche à pied, utilisation de deux roues, dont le vélo, quant à sa voiture personnelle il est recommandé de la partager autrement dit de s’inscrire dans une démarche de co-voiturage. Suivant la logique de son raisonnement le CAS propose de s’appuyer sur l’information numérique avec  la mise en place de centrales d’informations multimodales regroupant tous les éléments existants d’offres publiques et individuelles, comme cela existe déjà en Alsace dans les départements de l’Oise et de Côtes d’Armor.

Il y a une douzaine d’années le collectif d’associations de protection de l’environnement  “Union Vivre en Entre -deux-Mers” avait déjà proposé la mise en place d’un tel système, plus précisément sur le Créonnais qui déjà subissait une très forte pression de son urbanisation en raison de sa proximité avec la communauté urbaine bordelaise. Nul n’étant prophète en son pays, ces propositions avaient été accueillies par les élus de l’époque (qui sont d’ailleurs toujours en place) par des sarcasmes et quolibets. Ces derniers ne jurant que par mise en place de giratoires, élargissements de routes, aménagements aberrants de centres bourgs…oubliant au passage, les pistes cyclables, les circuits piétonniers, la réflexion sur les transports publics existants et leur articulation entre eux, par exemple train-bus-navettes etc… On ne peut donc qu’applaudir les préconisations   du C A S et nombreux sont ceux qui seraient prêts à les suivre. Sauf que : se déplacer à pied ou à bicyclette dans nos communes de l’Entre-deux-Mers relèvent du challenge , les voitures  quand elles ne roulent à toute allure, encombrent les trottoirs,rendant dangereux tous déplacements à pied ou en vélo, surtout pour les enfants qui, du coup ,ne peuvent se rendre seuls à l’école, aux activités sportives,chez les copains… ; quant aux pistes cyclables ou zones cyclables matérialisées au sol sur nos départementales classées voies à grande circulation, elles sont inexistantes! Le co-voiturage (s’il existe déjà quelques exemples expérimentaux,par exemple celui initié par la Communauté de communes du Vallon de l’Artolie)  n’est pas évident à  rendre opérationnel : pour que cela fonctionne il faut qu’un certain nombre de personnes se rendant au travail ait les mêmes horaires A et R,  ait  leurs activités situées proches l’une de l’autre, etc, etc…

Reconnaissons le progrès récent que constitue le prix allégé et unique du déplacement en bus sur le réseau géré par le Conseil général de la Gironde mais beaucoup reste à faire précisément sur le cheminement des piétons (en son temps l’Union Vivre en Entre-deux-Mers avait suggéré que chaque bourg  prévoit un chemin sécurisé dit Chemin des enfants, pour permettre aux  écoliers et autres de se déplacer en toute sécurité à pied ou à bicyclette) -sur la gestion du stationnement, l’amélioration des correspondances entre lignes de transports collectifs avec ,par exemple, les horaires de  train, etc…

La France a un retard considérable à rattraper compte tenu de la conjoncture actuelle, “..il est essentiel de prévoir une meilleure résistance des territoires aux risques de crises et de hausses brutales du prix de l’énergie, qui pourrait surgir à moyen terme…” ainsi dit le C A S avec une certaine dose d’optimisme car le moyen terme est déjà là!

Colette Lièvre.

 

 


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